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Dix lunes
13 octobre 2011

Cherchez l’erreur…


Ces derniers temps, la presse abonde (tout est relatif) d’articles dithyrambiques sur de nouvelles maternités reconstruites, remodelées, recolorées… Dénoncer l’hypertechnicisation de la naissance semble devenir de bon ton. Réjouissons-nous de voir les médias s’enthousiasmer pour des naissances plus "naturelles", vécues dans d’agréables salles d’accouchement peuplées de ballons et de "lianes" pour le confort de la mère.
Ainsi cet article sur la maternité de Montfermeil.

Si je ne doute pas de la bonne volonté des sages-femmes travaillant dans ce service, je doute fortement de celle de la direction imposant un système "de centralisation des monitorings (...) que l’équipe médicale de la maternité peut ainsi suivre à distance".

Parce que l’équipe médicale, entendons nous bien, ce sont les sages-femmes. Jamais vu un obstétricien rivé devant un écran pour décompter les contractions ou calculer le rythme de base du cœur fœtal et analyser ses variations. Cette surveillance est assurée par les sages-femmes qui, lorsqu’elles détectent une anomalie, la signalent au médecin. En cas de doute celui-ci, compulsant plus ou moins attentivement l’accordéon de papier quadrillé de vert pale ou l’écran de contrôle, vient confirmer le diagnostic.

Il n'y a pas de poste de spécialiste "es analyse du rythme cardiaque fœtal", la centralisation de l’ensemble des enregistrements ne dégage donc en rien l’équipe de ce travail.
Cette organisation vient simplement souligner que le slogan "Une femme / une sage-femme" est vide de sens pour les administratifs.

Aux yeux des décideurs, la sage-femme fera tout aussi bien son boulot - et de façon plus rentable - en surveillant du coin de l’œil ce qui se passe dans les autres salles tout en étant auprès d’une femme… Si tant est que l'on peut réellement se consacrer à l'une en restant en permanence attentif aux autres.

Toute femme ayant vécu un accouchement en comptant sur ses propres ressources sait les phases de découragement où l'on se sent totalement dépassée. Le recours à la péridurale est alors une tentation envahissante. Dans ces moments de doute, l'accompagnement rassurant de la sage-femme peut tout changer ; le niveau de la douleur s’abaisse, celui de la confiance remonte... et c’est reparti. Mais comment repartir sans soutien ?

Les lits ronds et roses, les ballons ronds et bleus, les écharpes roses et douces ne sont que poudre aux yeux si les équipes ne sont pas en nombre suffisant. La douleur et le stress se payent cash et le risque est de voir pulluler des statistiques démontrant l'inanité des ces équipements car les taux de péridurale et d'intervention restent inchangés...

Alors, oui à des maternités design, confortables et colorées mais pas sans sages-femmes DISPONIBLES !

 

 

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Commentaires
B
Pour mon 2ème bébé, né 22 mois après sa soeur arrivé par césa sous AG, je voulais un "vrai" accouchement, pas de péri, je voulais savoir ce que ça faisait de donner naissance à son bébé, comme des millions de femmes l'avaient fait avant moi.<br /> J'ai eu la chance incroyable d'être la seule à accoucher ce soir là dans ma petite maternité "nature". Les SF étaient dispos, discrètes mais présentes, quel bonheur! J'ai eu droit à un bain aux huiles essentielles, à des massages dans le bas du dos (pour soulager les fameuses contractions "par les reins"), de l'acupuncture, une naissance accompagnée mais juste ce qu'il faut par deux merveilleuses SF : Françoise et Catherine, 10 ans après, je ne vous ai pas oubliée!<br /> Mais ça n'est possible que par plus de personnel et par une réelle implication des SF.
M
Quand j'ai lu "Toute femme ayant vécu un accouchement en comptant sur ses propres ressources sait les phases de découragement où l'on se sent totalement dépassée. Le recours à la péridurale est alors une tentation envahissante. Dans ces moments de doute, l'accompagnement rassurant de la sage-femme peut tout changer ; le niveau de la douleur s’abaisse, celui de la confiance remonte... et c’est reparti. Mais comment repartir sans soutien ?" les larmes me sont presque montées aux yeux....<br /> <br /> Je viens de réaliser à quel point, il y a plus de 17 mois, j'ai été seule avant le travail. Je savais que je n'avais pas réussi à gérer la douleur et j'ai tout de suite demandé la péri. Mais entre le moment où je suis arrivée à la clinique et les premières poussées, il s'est passé pas loin de 6h pendant lesquels je n'ai pas dû voir la sage-femme plus de 5mn d'affilée. Et si la sage-femme qui m'a fait la prépa avait pu être là, cela aurait il pu être différent ? Aurais-je pu avoir la force d'aller jusqu'au bout ? Il s'avère que la péri avait été relativement mal faite (mes 2 jambes n'étaient pas endormies de la même façon) mais du coup, j'ai pu sentir, entre 2 contractions, mon bonhomme pousser pour sortir ... Pour celui ci, je préfère ne me souvenir que de ça. Mais si j'ai un autre enfant, j'aimerais prendre les choses autrement.<br /> <br /> Merci pour votre blog qui nous ouvre les yeux !
K
@ suzanhelene : Je ne parlais pas des mots tels que "tomber enceinte" ou "C'est Untel qui m'accouche", qui sont effectivement révélateurs d'une certaine passivité. En disant "on part dans une bataille de mots", je faisais référence à nos avis divergents, à JT et moi, sur la physiologie. Je craignais qu'on argumente sur ce qui est physiologique et ne l'est pas sur des critères rhétoriques. <br /> <br /> @JT. Qui sait... ;)
J
@ Koa : j'ai lu avec attention tout ce que tu as écrit, je n'argumenterai pas davantage. On se rencontrera peut-être un jour ;-)<br /> <br /> @ Suzanhelene: heureuse de lire ton avis. En parcourant attentivement ma prose, tu pourras voir que de mon point de vue, les femmes enfantent, mettent leurs enfants au monde et donnent la vie... Tout un programme de "changement" qui me semble incontournable. je suis très bavarde au sujet du "pouvoir des mots" comme tu dis. J'ai l'impression que l'histoire des mots raconte l'histoire des gens. Autour de la naissance, le langage s'est considérablement modifié en 50 ans... Collectionneuse de livres d'obstétrique anciens, j'ai quelques sources. ;-)<br /> <br /> Bonne soirée à toutes
S
@Koa: "@JT, je sens qu'on part vers des batailles de mots": Certes, cela peut paraître futile ici,et l'on semble en apparence se concentrer sur la forme et non sur le fond. Mais je pense que les mots sont très révélateurs de la façon dont les gens se voient et influence fortement la manière qu'ils ont de mener leur vie; et, dans ce cas précis, comment les femmes perçoivent (ou croient percevoir)leur corps, ce qui peut avoir des conséquences directes sur la grossesse et l'accouchement!
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