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Dix lunes
8 mars 2010

Elisabeth Badinter a raison

«Pour quelles raisons avez-vous choisi ce métier ?» m'avait-on demandé lors de ma première journée d'étudiante sage-femme.
Sans hésitation «Pour servir la cause des femmes!»

Les racines de cette motivation sont sans doute à chercher dans ma propre naissance. Ma mère accouchant prématurément, en l’absence de mon père, une équipe malmenante, une douleur submergeante, une panique intense maitrisée par une anesthésie générale. Je suis née par forceps du ventre d’une femme terrifiée et absente.
Quelques années plus tard, accompagnée par une des équipes pionnières de "l’accouchement sans douleur", elle a pu vivre une autre naissance, joyeuse et sereine.

Tout est dit.

Je sais l’importance de l’accompagnement, du respect, de l’empathie.
Je sais la puissance des femmes qui mettent au monde.
Je sais la force qu’elles en retirent lorsqu’elles traversent cette épreuve en toute sécurité, physique mais aussi affective.
Je sais que de l’humanité nait le meilleur, de l’indifférence peut naitre le pire.
Je sais que l’analgésie peut se révéler indispensable et salvatrice mais aussi devenir l'instrument de la contrainte. On peut si facilement soumettre un corps qui ne sent rien.

Une cadre de maternité expliquait doctement lors d’une intervention auprès des étudiants «La péridurale c’est pratique, elle permet de faire pousser les femmes quand ça arrange l’équipe».

N’en déplaise à Elisabeth Badinter, la péridurale n’est pas forcément un outil de libération, l’allaitement pas forcément celui de l’asservissement.

Je me bats pour toutes les femmes, celles qui veulent être mères et celles qui ne le veulent pas, celles qui désespèrent d’être enceintes et celles qui veulent interrompre leur grossesse, celles qui allaitent et celles qui biberonnent, celles qui souhaitent materner longuement et celles qui désirent retourner à leur travail.

Je revendique le droit des femmes à décider de leur vie, sans avoir à renoncer à leur liberté parce qu’elles ont choisi la maternité.
Je revendique que les hommes soient à leur cotés, ni dominants ni soumis.

Pourtant,
Elisabeth Badinter a raison, nous ne sommes pas gouvernées par nos hormones et réduire l’amour d’une mère pour son petit à quelques échanges d’ocytocine et autre prolactine relève d'une analyse sommaire voire humiliante.

Elisabeth Badinter a raison, le risque est réel pour une femme d’aliéner sa liberté en quittant la vie professionnelle, même de façon temporaire, pour se consacrer à son enfant.

Elisabeth Badinter a raison, en ces temps de crise économique, certains pourraient s'empresser de renvoyer les femmes à leur foyer sous de faux prétextes.

Mais elle se trompe de cible. C'est la société qu'il faut réformer, non la maternité.
C’est aujourd’hui la journée de la femme mais 24 heures, c’est un peu court pour refaire le monde...

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Commentaires
L
Je viens en retard, je dois dire que le texte qui m'avait aussi effrayé me rassure comme beaucoup de mères, toutes imparfaites évidemment. <br /> <br /> Mais je pense que si E. Badinter à un avis tranché c'est aussi car elle a vécu et vu les femmes de sa génération vivrent des moments de la maternité qui nous sembleraient à toutes un enfer ! Et de ce côté la je ne pense pas qu'on puisse dire que la péridurale n'est pas une libération (sachant que c'est une libération qu'on peut choisir ou pas c'est déjà énorme). Imaginez vous accoucher et souffrir des heures sans même comprendre ce qui vous arrive, il n'y a pas si longtemps on n'expliquait pas aux femmes ce qui allait se dérouler pendant l'accouchement, elles subissaient et se faisaient parfois remettre en place genre "tu l'as bien cherché" alors gérer la douleur dans ces conditions.... On n'a pas toutes l'envie, le courage voire la patience de supporter une telle douleur, et je dois dire que la péridurale dans mon cas ne m'a pas empêché de sentir la douleur un minimum, de pousser et de vivre un moment magique, je ne vois pas pourquoi je devrai en avoir honte, c'est comme si je refusais l'anesthésie pour me faire arracher une dent de mon point de vue... c'est vraiment un choix personnel et ça c'est une libération puisque la femme à le choix ! Je comprends aussi que pour une femme de sa génération se mettre aux couches lavables ressemble à un retour un arrière, c'était leur vie souvent pas choisie alors le faire de plein gré ! <br /> <br /> Enfin juste un mot sur l'allaitement, encore une fois, c'est un choix, un droit, une liberté de le faire ou pas et arrêtons de nous sortir les chiffres de l'OMS sur l'allaitement jusqu'à 6 mois, ces conseils concernent le monde entier, donc bien évidemment tout un tas de pays ou donner du lait en poudre avec de l'eau souillée aux bébés serait une hérésie.... On peut en toute bonne foi considérer que dans les pays développés cela ne représente ni un danger ni un comportement honteux de choisir le biberon. Les études en tout cas me semblent un peu comme toi biaisées car en ce qui concerne notamment l'immunité des enfants, si l'allaitement est un critère je crois que beaucoup d'autres choses entrent en jeu la dedans !
P
Quand je vois les publicités sur les différentes marques de laits infantiles inonder nos écrans et nos journaux (en parvenant à nous faire croire pendant longtemps qu'ils étaient meilleurs que le lait maternel...), quand j'observe le peu de soutien que les femmes qui souhaitent allaiter trouvent auprès de leur entourage ou à la maternité (dont le personnel s'empresse de refiler des biberons de complément à ton gamin...) ainsi que la brièveté du congé maternité en France, quand je constate l'ignorance de nombreux médecins et pédiatres sur les mécanismes de l'allaitement, quand je vois enfin l'image caricaturale que nos médias et notre société véhiculent des femmes adeptes du maternage, j'ai vraiment du mal à croire à la réalité des pressions exercées par ces lobbys intégristes de l'allaitement que Badinter fantasme dans son bouquin (que j'ai lu!).<br /> <br /> A mes yeux, le gros problème de Badinter, c'est que ses positions à l’égard de la pilule, de l’allaitement, du travail des femmes, des couches lavables ou encore de l’AAD sont en grande partie héritées des années 70 et du grand mouvement de libération de la femme, à une époque où la maternité était très souvent vécue, non pas comme un moyen de s’épanouir, mais comme une forme d’aliénation (ce qui était vrai…). Mais je trouve que ce féminisme-là n’est plus vraiment en phase avec la société actuelle. Comme toi Dix lunes, je pense qu'elle se trompe de combat…<br /> <br /> Enfin, Cantameros, ce qui me fait bien rigoler dans ton commentaire, c'est que sous prétexte d'inviter les femmes à se libérer et à faire de vrais choix, ton discours est tout aussi culpabilisant et dogmatique que ceux tenus par les lobbies que tu dénonces...
1
Cantameros, il est bien de prendre le temps de commenter un article, il est mieux de le faire à bon escient.<br /> Je viens de relire l'ensemble des commentaires et personne n'a parlé ici de liquide sacré...<br /> Je vois au contraire un débat argumenté et respectueux sur la difficile combinaison entre épanouissement personnel et maternel...<br /> <br /> Quant aux études, le bénéfice d'un allaitement exclusif sur la santé des enfants est démontré. Mais selon que l'on s'attache à suivre des enfants exclusivement allaités ou pas, avec un allaitement bien conduit ou pas, les résultats sont plus ou moins probants. <br /> Juste pour le plaisir de montrer que l'on peut tout dire et son contraire, le même Dr Kramer affirme que l'allaitement maternel augmente le QI (étude sur 14 000 enfants suivis pendant plus de six ans) Mais comme je suis honnête, je vais souligner que cette étude comporte certains biais, tel le milieu socio-économique plus favorisé des mères allaitantes...<br /> <br /> Plutôt qu'une bataille rangée sur les bienfaits démontrés ou supposés de l'allaitement, sur l'aliénation imposée ou le plaisir choisi... attachons nous à donner des informations fiables et laissons les femmes et les couples décider en toute liberté de ce qui est le mieux pour leur enfant et pour eux mêmes.
C
"Madame Badinter se trompe de cible"...<br /> <br /> Combien d'entre vous l'ont réellement lue ?<br /> <br /> Madame Badinter ne remet pas en question le choix des mamans, ni le lien mère-enfant.<br /> <br /> Elle déplore qu'une pensée unique en faveur d'un allaitement long, assorti de choses telles que le "co-dodo" émerge, promu essentiellement par la Leche League. Car cela a de réelles conséquences sur le couple, le travail, et donc l'avenir matériel, financier et familial (couple sous pression)de la mère. Et elle a raison. <br /> <br /> Par ailleurs, il est effrayant de constater à quel point la propagande est efficace, quelle qu'elle soit. Le lait maternel ne protège que très peu le nourrisson (voir l'étude KRAMER sur 17000 nourrissons), il permet éventuellement d'éviter un épisode de gastro pour 4 nourrissons sur 100. ET C'EST TOUT. Cela relève donc de la préférence et du CHOIX de la mère.<br /> Allergies, QI, Infections ? NADA. MENSONGE EHONTE.Réalisez vous que certaines seraient prêtes à mettre leur vie sous pression pour quasiment rien ? Tout le reste c'est du naturalisme, teinté de romantisme (le liquide sacré, la mère toute-puissante etc...) Et cela permet à certaines femmes, qui ne sont pas parvenues à trouver leur place, de se valoriser, Ce sont souvent celles qui se permettent de juger les autres sur les forums, avec des arguments simplets, peu recherchés, souvent pas vérifiés. Pour info, le nourrisson ne peut juridiquement, ni moralement bénéficier de droits (mis à part le fait que les parents lui doivent assistance et nourriture, mais cela constitue une obligation pour les PARENTS), cela reviendrait sinon, très logiquement, à en retirer à la mère. Ne vous laissez pas influencer et culpabiliser..Résistez, faites un VRAI CHOIX.
S
Je suis tout à fait d'accord, tu résumes totalement ma pensée. J'en ai fait un article sur mon blog mais j'aurais pu écrire le même que le tien!!
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