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Dix lunes
18 août 2011

Cible erronée



Lors d’une récente chronique sur France Inter, Agathe André a profité du très médiatisé combat du maire de la Seyne sur Mer pour tacler les associations militant pour "l’accouchement à domicile comme au bon vieux temps des matrones". Ce très méprisant terme de matrone renvoie à l’inconscience de ces femmes se livrant aux mains de toutes aussi inconscientes praticiennes...

De nombreuses associations parentales ou professionnelles militent pourtant pour l’élargissement de l’offre de soin. Appartenant à plusieurs d’entre elles, je veux dire à Agathe André qu’elle se trompe de combat. Nos revendications portent d’abord sur la liberté de choix. Les femmes, qu'elles soient adeptes de l'hypermédicalisation ou de la simplicité d'un accouchement à la maison sont, n’en déplaise à la journaliste, en capacité de décider de ce qui leur convient le mieux.
 
Aucun totalitarisme de la part des partisans de l’AAD mais un constat : le choix n’existe pas. Les associations déplorent que la seule option actuelle soit celle de l’accouchement technicisé dans des établissements de plus en plus imposants où les femmes passent de main en main. La valeur de chacun des intervenants n’est pas en cause, c’est leur multiplicité qui interroge et dérange.

Les partisans de l’accouchement à domicile militent pour que cette option fasse partie de l'offre de soin, non par défaut car cela serait effectivement un recul pour les droits des femmes, mais au contraire intégré dans l'éventail des possibilités. Chaque femme devrait pouvoir choisir - une fois éliminées les contre-indications - d’accoucher en maternité, en maison de naissance ou à domicile. Ces options ne s’opposent pas mais se complètent. Elles n’offrent pas les mêmes ressources, ne répondent pas aux mêmes attentes.

Je ne rejoins Agathe André que sur un seul point : la politique actuelle se contrefout des besoins des femmes, des couples et des enfants à venir et s'élabore loin des réalités de terrain, calculette à la main. Si les maisons de naissance parviennent à ouvrir un jour, ce sera grâce aux économies générées par leur prise en charge moins lourde et donc moins onéreuse que celle d’une équipe hospitalière.
Principe de réalité oblige, je me réjouirai de ces ouvertures quelles que soient les mauvaises raisons qui les permettront.

Pour conclure, je m'autorise à donner deux conseils à la journaliste :
-    celui de vérifier ses sources : l’épisiotomie n’est pas à préférer à la déchirure spontanée et certains établissements hospitaliers l'ont démontré en en réduisant drastiquement le nombre.
-    celui d’éviter de recycler ses anciens textes … Il n'est pas déshonorant de défendre les mêmes idées à deux années d’écart. Mais les répéter à la virgule près, c’est faire preuve d’un cruel manque de créativité !

La défense des droits des femmes commence par un indispensable préalable. Les respecter !
Les matrones, pondeuses et chanteuses vous saluent.

 

PS : Sur le même sujet, lire aussi cette analyse de Selina Kyle.

 

 

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Commentaires
A
Merci pour ce récit très réaliste.<br /> Par rapport à l'allaitement je vois que la référence Badinter est un grand classique, moi aussi on me l'a fait, seulement j'ai bien l'impression que la pauvre vieillie mal..!!
P
Ne soyons pas dupes: les arguments prétendument sécuritaires avancés ici par Bernard Debré pour justifier la fermeture des petites maternités de proximité et le regroupement des naissances dans les grosses structures ne sont là que pour masquer l'UNIQUE objectif de la politique menée par le gouvernement actuel en matière de santé publique: car son but n'est pas de sécuriser davantage les accouchements et de réduire la mortalité périnatale mais de faire des E-CO-NO-MIES!! Alors peu importe que ces arguments soient une longue liste de contre-vérités ou d'approximations! On applique juste une stratégie qui a déjà fait ses preuves: FAIRE PEUR. Ce type se fiche éperdument de ne pas savoir de quoi il parle: c'est ça, la droite décomplexée, répéter plusieurs fois les mêmes conneries avec beaucoup de conviction, ça finira bien par rentrer dans le crâne de tous ces veaux - pardon, je voulais dire citoyens (ou électeurs...). <br /> <br /> Je vois ce même principe appliqué à l'Education Nationale: les réformes qui ont été récemment appliquées au niveau du lycée nous sont présentées enrobées dans un joli discours très volontariste avec tout plein d'objectifs pédagogiques super-ambitieux mais elles n'ont en réalité qu'un seul but: dépenser moins de pognon et donc, supprimer des postes! Les profs le savent très bien mais, aux yeux de l'opinion publique, ils passent pour d'éternels réactionnaires endoctrinés par leurs syndicats qui ne veulent surtout rien changer à leurs petites habitudes. Mais on verra bien le résultat dans quelques années...<br /> <br /> pétrolleuse (sur un mode très désabusé... :-( )
1
@Maigrir,l'argumentaire est un peu court. Les risques ont été réduits d'abord du fait de l'amélioration des conditions de vie, de la surveillance de la grossesse et de l'anticipation possible de nombreuses complications... Oui, accoucher en structure est parfois indispensable. Personne ne le nie. Mais accoucher à domicile, lorsqu'il s'agit d'un choix anticipé, préparé et que la situation a été évaluée, ce n'est ni un retour au passé, ni de l'inconscience.
M
L'accouchement à l’hôpital a réduit considérablement les risques.
E
Et on en revient à la place des femmes dans notre monde....nous sommes toutes convaincues ici que nous avons toutes les capacités pour "choisir"....mais dans toutes les époques il y a eu un " modèle dominant", où "ON" dictait les bonnes manières de faire au femmes dans tous les domaines de leur vie et en particulier dans le domaine de la maternité...que ce soit sous le couvert de la religion, de la médecine, des idées feministes parfois...et à chaque fois on ne reconnait pas aux femmes le droit de décider tout simplement....alors bien sur les choses évoluent...dans de nombreux domaines les femmes ont fait évoluer leur place; les sages femmes aussi...entre ce que j'ai appris à l'école de sage femme il y a 10 ans sur l'accouchement physiologique, sur tous les allaitements possible et ma pratique de sage femme aujourd'hui... il y a un fossé énorme....mais reste un modèle dominant et une caricature quasi systématique de tout ce qui s'éloigne un peu de ce modèle dominant en matière obstétricale...cette chronique sur France Inter en est un bon exemple, le communiqué du Syngof suite à la grève des SF aussi...pour ma part je ne me sens pas illuminée, j'ai complétement assumé mes choix concernant mon accouchement et mon allaitement ; cela m'a juste appris à quel point c'est important , en tant que sage femme,de savoir expliquer, de prendre le temps de faire passer l'idée que quelque soit le choix du lieu de l'accouchement, les femmes ont en elles la capacité de savoir ce qui est bon pour elles...notre boulot à nous c'est d'accompagner cela....alors non je ne me sens pas illuminée ...mais franchement minoritaire oui!!!
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