Contrée
Troisième mi-temps. Soirée restaurant entre deux journées de congrès. Venus de toute la France, nous ne nous connaissons pas vraiment. Partage d' expériences, espoirs déçus, projets d'avenirs, initiatives innovantes, étonnements divers, jugements péremptoires. Les débats sont passionnés.
- Je suis contre les maisons de naissance !
Nous avons le même métier, le même âge mais pas tout à fait le même parcours.
Je m’étonne de sa position sans nuance.
- Je suis contre ! C’est tout.
Comme j’insiste un peu, elle reprend cette allégation souvent invoquée par les détracteurs de la naissance "normale".
- On ne peut affirmer qu’un accouchement s’est bien déroulé que deux heures après…
La messe est dite, nous ne savons rien des risques encourus, les femmes doivent donc accoucher en milieu technicisé. Je tente d’opposer à sa certitude les études prouvant la sécurité de cette pratique.
- Oh non non !
- Quoi non non ?
- Je ne changerai pas d’avis, je suis contre. Sans médecin rien n’est possible !
Je m'étrangle un peu et rappelle les nombreuses maternités où les obstétriciens, anesthésistes, pédiatres, ne sont pas de garde sur place alors que la "sélection" des femmes est loin d’être la même qu’en maison de naissance.
- C’est pas pareil.
- En quoi n’est ce pas pareil ?
Blanc…
J’insiste
- Si l’on suit ton raisonnement on devrait fermer l’ensemble de ces maternités et imposer aux femmes d’accoucher en niveau III.
- J’ai pas dit ça.
Je rappelle que les décrets imposeraient - hélas - que les maisons de naissance soient contigües aux plateaux techniques de maternité ; la proximité des médecins qui lui tient tant à cœur est donc acquise.
- Oui mais je suis contre.
Découragée, je tente de la faire réagir en soulignant que certains parents, faute d’alternatives, se tournent vers les accouchements à domicile sans assistance.
Elle balaie négligemment
- Y a pas de ça chez moi…
Mes yeux croisent quelques regards solidaires. Je me contente de ce soutien muet et, lâchement, me tourne vers mon autre voisine.
Parents et professionnels,
RDV le 4 octobre à 11h sur le parvis de la gare Montparnasse
Soyons nombreux à défendre les conditions d'une naissance respectée !