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Dix lunes
24 décembre 2012

Tout simplement

 

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Elle arrive à pas lents. Deux hommes l'accompagnent et la soutiennent quand elle s'immobilise le temps d'une contraction. Je lui ouvre la porte de la salle de naissance ; ils entrent tous les trois. 

Chaque femme vient avec qui elle veut et le nombre d'accompagnant n'est pas limité. Mais quand d'autres personnes que le père sont présentes, il s'agit généralement d'une ou plusieurs femmes, amie, sœur, mère. Un zest déconcertée, je m'affaire à des gestes anodins, tension, monitoring. J'annonce ensuite avec un peu d'emphase que je vais réaliser un toucher vaginal... Aucun des deux hommes ne fait mine de s'éclipser.

Je cherche son regard, attendant une indication, une demande implicite ; mais elle est déjà en train de se dévêtir. L'examen confirme qu'elle est en travail. Je vais l'accompagner jusqu'à la naissance.

Le trio fonctionne harmonieusement. Les deux hommes sont tout aussi présents, tout aussi attentifs à ses besoins. L'un lui masse le dos quand l'autre caresse ses cheveux, l'un rajoute de l'eau chaude quand l'autre fait clapoter l'eau du bain sur son ventre. 

Lorsqu'elle accouche, ils se placent de part et d'autre du lit. Ils l'encouragent lors des poussées et s'émerveillent ensemble. L'enfant posé sur le ventre maternel est accueilli par les caresses de trois paires de mains.

Je sors de la pièce pour les laisser découvrir tranquillement le nouveau-né. Dans mes quelques minutes de solitude, je me tracasse de la suite. Je dois proposer au père de donner le bain... mais qui est le père ? Jamais il n'a été désigné.

Un peu plus tard, c'est à la cantonade que j'interroge "Et maintenant, qui va donner le bain ? " sans oser regarder personne... 

C'est elle qui me tire d'affaire. "Ils vont le donner tous les deux, dit-elle, puis elle les présente, désignant successivement l'un, mon mari, puis l'autre, le père du bébé".

 

©Photo  Janicskovsky

 

PS : A demain...

 

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Commentaires
B
Je me trompe peut être, mais tout cela me revoit fort à la douloureuse question de l'infertilité. Ce n'est d'ailleurs peut etre pas le cas, mais bien obligée d'y penser ...
V
Ben dites donc, chapeau aux messieurs! Parce que si cela doit être plus fréquent qu'on ne le pense, les maris-qui-ne-sont-pas-les-pères, le fait de l'accepter et que les deux hommes soient présents, ensemble, sans rivalité apparente, là, c'est tout de même autre chose. Chapeau!<br /> <br /> Et une SF en voit de toutes les couleurs, il faut être sacrément tolérante!
R
Magnifique... Ça fait chaud au coeur. <br /> <br /> Merci et bonne année.
T
Merci pour ce billet, vu "de l'autre côté de la blouse". Je suis allée à la maternité avec mes deux compagnons, mes amoureux. J'ai prévenu l'obstétricien, la sage-femme et tous ceux qui sont entrés dans ma chambre que je tenais absolument à ce qu'ils assistent tous les deux à l'accouchement. Finalement, une césarienne en urgence les a laissé à la porte de la salle de chirurgie, mais ils ont accueilli notre fille ensemble et assisté à ses toutes premières fois. Ma mère a croisé des infirmières dans le couloir qui disaient "t'as vu la fille avec ses deux maris?".<br /> <br /> Grand moment, grande émotion, heureuse de ne pas être toute seule. <br /> <br /> Merci
M
merci pour ce calendrier et ces petites anecdotes...
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