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Dix lunes
10 août 2010

Subliminale

Offensive marketing reçue il y a quelques semaines, vantant les mérites d’un dispositif intra-utérin hormonal que chacun reconnaitra.

Livret papier glacé.
Esthétiques photos noir et blanc de femmes enceintes et de nouveau-nés, accompagnées de vignettes couleurs affichant des portraits de sages-femmes. Toutes sont jeunes, jolies, souriantes (et - accessoirement ! - de sexe féminin…).

Texte épuré : "Vous faites le plus beau métier du monde", déclinant ensuite notre activité en termes choisis "préparer la naissance, accueillir la vie, entourer, protéger, conseiller".

Beaux "soignés",  belles soignantes, beau métier, voilà notre ego correctement flatté !

En y regardant de plus près, les sages-femmes arborent la casaque verte propre au bloc opératoire ou la blouse blanche. Blouse commune à de nombreux professionnels de santé, si ce n'est un détail essentiel… elle est négligemment déboutonnée. Tout ceux qui ont trainé leur guêtres dans les hôpitaux savent que la blouse portée ouverte - que ce soit sur torse velu, chemise blanche ou chemisier liberty - désigne implicitement le médecin. La plèbe porte sa blouse fermée sur un soutien-gorge éventuellement sexy mais dissimulé aux regards.

Autre objet hautement symbolique présent sur toutes les vignettes, le stéthoscope, nouvelle allusion aux médecins, en particulier par la façon dont il est porté : dépassant maladroitement d’une poche ? pendu autour du cou ? Non, il serpente élégamment sur les épaules, retombant de part et d’autre du col tel un sautoir contemporain…

C’est donc avec cet argument subliminal que le laboratoire cherche à nous séduire, sollicitant officiellement les sages-femmes, suggérant officieusement les médecins.
Ne pourrions-nous avoir plaisir à n'être "que" sage-femme ?

Dernière erreur de communication dudit laboratoire : il existe sur leur site un espace "professionnels de santé" comprenant plusieurs rubriques, gynécologues, neurologues, radiologues, pharmaciens… mais nulle trace des sages-femmes.

Fâcheux oubli !

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6 juillet 2010

Mauvaise volonté

Après deux grossesses vécues sans problème, l'attente de ce bébé se révèle plus difficile. Entre temps, elle a changé de métier pour devenir professeur de sport et dispense des cours aux enfants comme aux adultes. Activité très physique, horaires hachés en fonction des temps scolaires, séances nocturnes pour les salariés en quête de décompression après leur journée de travail, elle se donne sans compter. Si l'on y ajoute des nausées envahissantes, un utérus se contractant plus que de raison et deux petits à la maison… vous conviendrez que le rythme s'annonce difficile à tenir.

Il n’y a pas de réelle pathologie, juste une inadéquation entre sa profession et sa grossesse. J’anticipe donc en lui demandant de voir son médecin du travail afin que son poste soit aménagé. Premier barrage de son employeur qui s’étonne de sa démarche, arguant que ce n’est pas à elle de solliciter une consultation à la médecine du travail. Elle insiste cependant et obtient enfin un rendez-vous… pour s’entendre dire que sa grossesse se passe bien et que si besoin, son médecin pourra toujours l’arrêter. Aucune proposition ne lui est faite d’aménager son poste ou ses horaires.

Blessée par cette indifférence, elle s’obstine à ne rien changer à ses cours, saute, pédale et bat des jambes avec application devant un public un tantinet médusé par de telles démonstrations d'énergie émanant d'une femme enceinte. A deux reprises, j’insiste pour qu’elle se repose et lui prescris une semaine d'arrêt. Voilà mon faible quota d’arrêt de travail autorisé (15 jours !) déjà épuisé…

Médecin du travail défaillant, sage-femme - absurdement - limitée dans sa prescription, elle ne peut que se tourner vers son médecin traitant. Je rédige un beau courrier résumant la situation et exposant les démarches entreprises, tout en me gardant bien d'affirmer la nécessité d’un arrêt afin qu'il ne s'offusque pas d'être aux ordres d'une simple sage-femme. Pour faire bonne mesure, je m’excuse platement de la limite qui m'est imposée par les textes. Il lui prescrit un arrêt de 15 jours en l’assurant qu’il le renouvellera ensuite. Je ne m’étendrais pas sur l’incongruité de programmer une seconde consultation deux semaines plus tard alors qu’il est clair que son arrêt doit se prolonger jusqu’au congé maternité …

Mais 15 jours plus tard, apparemment contrarié parce qu'elle désire poursuivre le suivi avec sa sage-femme, il refuse de prolonger l’arrêt.

Elle revient me voir, anxieuse à l'idée de devoir reprendre le travail ; sa grossesse évolue normalement mais allez donc faire des abdos-fessiers à longueur de journée enceinte de 7 mois ! Elle fera donc une énième consultation chez une gynécologue de mes amies qui acceptera enfin de l'arrêter sans condition.

Nonchalance du médecin du travail, mauvaise volonté du généraliste, rigidité d’un texte de loi limitant nos prescriptions... Tout cela se solde par trois consultations supplémentaires, bien évidemment financées par la collectivité, pour une femme en parfaite santé au métier simplement inadapté à l'état de grossesse !

8 juin 2010

Captives

Un arrêté listant les contraceptifs oraux pouvant être renouvelés par prescription d'un infirmier ou délivrés par les pharmaciens sur présentation d'une ordonnance à la validité expirée vient de paraitre.
Pardon pour cette peu élégante introduction mais je souhaite être précise. En terme plus clairs, les femmes se retrouvant à court de pilule pourront être dépannées de quelques plaquettes, le temps de prendre rendez-vous et d'obtenir l'ordonnance ad hoc.
Même si l'on ne peut nier une certaine imprévoyance - quoi de plus prévisible en effet que la fin d'une plaquette de 21 ou 28 comprimés - permettre aux distraites de ne pas interrompre leur contraception ne se discute pas.

Le vertueux Ordre des médecins s'en indigne pourtant ! Dans son communiqué, les termes choisis "risque", "prise en charge dégradée" fustigent sans nuance cette nouvelle disposition. Voici à nouveau brandi l'étendard de la mauvaise qualité des soins. Le risque principal pour les femmes ne serait-il pas de devoir recourir à l'IVG ?

« Le texte réglementaire ne prévoit aucune obligation pour le pharmacien ou l’infirmier d’inscrire sur l’original de l’ordonnance la date et la durée du renouvellement ainsi que de le signer». La formulation laisse à penser qu'une femme pourrait se voir éternellement délivrer ses plaquettes à condition d'avoir disposé, un jour, d'un premier laissez-passer.

Pourtant un texte, cité dans l'arrêté, encadrant le renouvellement d'un traitement chronique par les pharmaciens a été publié en 2008. Il y est clairement précisé que ce renouvellement ne peut avoir lieu qu'une seule fois, au vu de l'ordonnance, en le mentionnant sur celle-ci et avec le plus petit conditionnement disponible. Les femmes ne peuvent donc espérer prolonger leur prescription que de un à trois mois. Il ne s'agit pas là de les détourner d'une consultation mais de leur laisser le temps d'obtenir un rendez-vous.

Heureuse surprise, ce même communiqué cite les sages-femmes, pour une fois associées aux médecins comme garantes d'une prescription de qualité. J'aurais aimé qu’il fasse preuve d'une pareille exigence lorsque les députés nous ont refusé la surveillance biologique de cette même contraception. Cet accès soudain de solidarité vise sans doute à ce que leur indignation paraisse moins corporatiste...

Pour finir, sous prétexte de s'assurer de l'innocuité du traitement, l'Ordre propose de noter la mention "non renouvelable" sur l'ordonnance afin de s'assurer de la bonne captivité de sa clientèle. Devons nous comprendre qu'il s’attache plus à la santé des cabinets médicaux qu’à celle des femmes ?

Heureusement, nombre de médecins ne se reconnaissent pas dans cette position et continueront à délivrer des ordonnances sans mention restrictive. Pour les femmes suivies par des praticiens moins conciliants, je rappelle que les sages-femmes assurent également le suivi gynécologique et la prescription contraceptive...

Les communiqués et autres articles concernant la santé des femmes ou l'exercice des sages-femmes se bousculent actuellement. Pas le temps de commenter l'un qu'il faut déjà se préoccuper du suivant. Situation intéressante mais qui m'éloigne de la rédaction d'autres textes témoignant de l’expérience quotidienne. Promis, j'y reviens dès que possible...

6 juin 2010

CHIVA pas

Extrait d'un article disponible ici : «Le CHIVA n'est pas un établissement ouvert»
Claude Lavigne, directeur du centre hospitalier du Val d'Ariège, explique les raisons de son refus à l'ouverture de la maternité de cet établissement aux sages femmes libérales : «La périnatalité est une activité fortement encadrée par les pouvoirs publics. Notamment via le plan périnatalité ou le schéma régional d'organisation sanitaire qui ne prévoit pas l'intervention de sages-femmes libérales au sein du plateau technique d'un établissement titulaire d'une autorisation d'activité périnatale comme le nôtre. En fait, le SROS demande de favoriser les alternatives à l'hospitalisation, ce que nous faisons à la maternité en autorisant, chaque fois que cela est possible et selon un processus réglementé, des sorties précoces pour les mamans. La loi Hôpital/Patient/Santé ne remet pas en cause le plan périnatalité qui impose une règle sanitaire dans l'enceinte des établissements de santé avec du personnel réglementé obéissant à une organisation de service donnée.
Je ne nie pas l'importance des revendications portées par les sages femmes libérales, ni celles des mères qui nous font la même demande ; mais dans l'état actuel des textes, y répondre favorablement relèverait d'une expérimentation dans laquelle le CHIVA ne peut s'engager : il ne peut laisser conduire un processus de naissance dans son bloc technique par des professionnels extérieurs agissant en toute indépendance, c'est une question de responsabilité à la quelle il faut ajouter la probable désorganisation d'un service dont l'activité est dense (1 000 accouchements par an). Dans le système actuel, l'hôpital n'est pas un établissement ouvert. S'il venait à changer par la volonté du législateur, le CHIVA en tiendrait compte dans son nouveau projet d'établissement».

Tout est dit dans cet article. Accoucher à domicile est souvent un choix murement pensé et préparé mais il est parfois un choix contraint. Parents et sages-femmes se retrouvent alors à choisir la naissance à la maison par défaut, faute d’alternatives - maisons de naissance, accès aux plateaux techniques – permettant un accompagnement global. Situation inconfortable au vu de la défiance de nos « partenaires » des réseaux périnatalité transpirant - à grosses gouttes ! - entre les lignes de cet article.

Que demandent ces sages-femmes ? Être accueillies au sein de la maternité, y accompagner lors de l'accouchement les femmes, les couples qu’elles suivent depuis le début de la grossesse et partir quelques heures plus tard poursuivre le suivi postnatal à la maison. Il ne s'agit là que d'exercer le métier pour lequel elles ont été formées.

Cela devrait faire la joie de leurs interlocuteurs. Bien au contraire, l'accès au plateau technique nous est régulièrement refusé par les maternités et je ne peux que me désoler devant les arguments utilisés ici pour expliquer leur position.

Petite analyse de texte car tous les mots ont leur importance…
«Le plan périnatalité ou le schéma régional d'organisation sanitaire (…) ne prévoit pas l'intervention de sages-femmes libérales au sein du plateau technique d'un établissement titulaire d'une autorisation d'activité périnatale comme le nôtre».
Méconnaissance des textes ou mauvaise foi ? - je penche pour la seconde hypothèse  - L'argument légal se voudrait incontournable mais il est faux. La Loi HPST (article L. 6161-9), précise au contraire : "Un établissement de santé ( …) peut être admis par le directeur général de l’agence régionale de santé à recourir à des professionnels médicaux et auxiliaires médicaux libéraux dans la mise en œuvre de ses missions de service public et de ses activités de soins. (…)".

« Ne pas laisser conduire un processus de naissance » Cette façon de présenter notre travail le trahit. La première fonction des sages-femmes est d'accompagner ce "processus" et de s’assurer qu’il se déroule normalement, non pas de le conduire. Nous sommes aux cotés des femmes, de leur utérus, de leurs hormones... et de leur inconscient.
Les sages-femmes pratiquant l’accompagnement global misent d'abord sur la prévention. Elles s’appuient sur les compétences des mères, s'attachent à ce que rien ne viennent les perturber, et considèrent l'accouchement comme un phénomène physiologique. De fait, il ne nécessite souvent pas d'autre intervention que leur présence attentive.
La médecine française part du postulat inverse : l'accouchement est une situation à risque et chacun pourra se féliciter de sa chance si aucune complication n’intervient. Postulat confirmé ici par l’emploi de «bloc technique» pour désigner les salles de naissance, visant à souligner la complexité et la technicité requises pour prendre en charge ce fameux processus.

«Par des professionnels extérieurs agissant en toute indépendance». Quel est le problème ? Les professionnels médicaux, extérieurs ou pas à la maternité, exercent en toute indépendance, les sages-femmes également. Libérales ou salariées, nous sommes pleinement responsables de nos actes et cela est inscrit clairement dans notre code de déontologie (Article R4127-348). Par ailleurs, les quelques sages-femmes libérales ayant accès à une maternité ont signé une convention avec l'établissement afin de préciser les modalités de cette collaboration.

«La probable désorganisation d'un service dont l'activité est dense». Mauvaise foi criante ! Il ne s’agit pas de densifier l’activité mais de l’organiser autrement. Que je sache, l’ouverture d’un plateau technique ne multiplie pas les grossesses. Il n’y aurait pas plus de naissances au sein de l’établissement mais une partie des accouchements seraient réalisés par des sages-femmes libérales plutôt que salariées.

Les libérales sont clairement accusées d'être des électrons libres, voire irresponsables. Les maternités fonctionnent selon les règles et protocoles établis au mieux collégialement, au pire par le seul chef de service. Docilité serait mère de sureté. Aux dernières assises des sages-femmes, il a pourtant été souligné que l’application systématique d'un protocole ne dédouanait en aucun cas le professionnel de sa responsabilité en cas d'incident... Préserver notre libre arbitre pour savoir s'adapter à chaque situation sans suivre aveuglément un protocole est une absolue nécessité. N'avons-nous pas tout à gagner en confrontant nos savoirs et nos savoirs-faire ?

Les sages-femmes salariées de l’établissement devraient s'indigner devant ce refus. Ouvrir le plateau technique à leurs consœurs extérieures permettrait de les dégager d’une partie de leur travail pour mieux se consacrer aux autres femmes.
Ce serait concevoir qu’il y a de multiples façons d’accompagner les naissances et reconnaitre le droit des parents à décider de la façon dont ils veulent vivre ce moment fondateur .
Ce serait réfléchir ensemble à nos prises en charge et à la complémentarité de nos exercices.
Ce serait faire entendre la voix des sages-femmes, praticiennes qualifiées, autonomes, responsables, mais trop souvent soumises.
Ce serait décréter ensemble que la vie ne se formate pas et que chacune, à notre façon, dans notre exercice quotidien, cherchons à exercer au mieux, au plus juste, au plus vrai.

Pure utopie ?

31 mai 2010

Toujours plus, toujours pire ?

Bref reportage le lundi de Pentecôte au journal de 20h de France 2. L’on s’y inquiète de l’inflation du taux de césarienne, plus de 20% en France, 33% aux Etats-Unis.

Outre-Atlantique, la demande de césarienne de "confort" serait en cause. Une femme témoigne avoir préféré cette solution afin «de pouvoir s’organiser», tout en évitant l’étape accouchement dont elle garde un souvenir douloureux pour son premier enfant.
Son médecin l’a encouragée à faire ce choix, affirmant que ce serait moins stressant pour l’enfant comme pour la mère… C’est oublier que les enfants nés par césarienne présentent plus souvent des difficultés d’adaptation respiratoire, c’est également omettre que la chirurgie multiplie le risque d’anomalie placentaire pouvant amener à des complications sévères lors des grossesses suivantes.

Mais il est surtout surprenant ? paradoxal ? incompréhensible ? que l’on puisse préférer le recours systématique à la chirurgie au simple respect de la physiologie. Car loin des situations périlleuses nécessitant l’intervention bienvenue de tout notre arsenal médical, il s’agit ici d'une femme lambda, présentant une grossesse tout aussi lambda. 

Pourquoi les obstétriciens s’orientent-ils si aisément vers la césarienne ?
D'une part, chaque équipe redoute la plainte, l’accusation de ne pas en avoir fait suffisamment et la chirurgie peut apparaitre comme le summum de la prise en charge - difficile d’en faire plus, effectivement ! - et donc comme un bouclier parfait à toute velléité procédurière.
D'autre part, ces interventions programmées sont économes en temps et faciles à insérer dans la journée de consultation. De plus, elles "rentabilisent" le bloc opératoire et augmentent les prix de journée versés à l'établissement.
La journaliste précise d’ailleurs «le système de santé américain, largement privatisé, explique donc en partie cette inflation de césarienne».

Et en France ? Comme l’indique cette fiche "Taux de césarienne" disponible sur le site du ministère de la santé, les mêmes causes conduisent aux mêmes effets ; en voici la conclusion : «Ces résultats illustrent le fait que le risque obstétrical n’est pas le seul déterminant. En particulier la programmation des césariennes pour des raisons organisationnelles ou de préférence des femmes est un déterminant à prendre en compte. La tarification de la césarienne pourrait également influencer le taux de césarienne dans les établissements.»

Le reportage se termine sur une manifestation des américaines contre la banalisation de la césarienne. Aurons nous à faire de même en France ?
Devrons nous manifester pour que l'accouchement par voie basse soit la norme et non l'exception ?
Devrons nous manifester pour que les femmes soient mieux accompagnées afin de ne pas redouter la mise au monde au point de préférer se faire ouvrir le ventre ?
Devrons nous enfin manifester pour prendre conscience que cette chirurgie a un coup pour la société et que cet argent pourrait être mieux utilisé ?

Dans un rapport datant de mars 2010, Amnesty International dénonce l'augmentation de la mortalité maternelle aux USA du fait des difficultés d’accès aux soins. Hélas, les Etats-Unis n'ont souvent que quelques années "d'avance" sur l'Europe.

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13 avril 2010

Le savant

Il sait !
Rien de ce qui vous arrive ne lui échappe. Tant que vous vous en remettez à lui, totalement confiante en son diagnostic, docile et admirative devant tant de science, il est charmant.
Relation cordiale, mais relation soignant /soignée (dominant/dominée ...) bien évidemment.

C’est dans ce registre que s’est déroulée sa première grossesse. Souffrant d’une pathologie chronique complexe venant compliquer sa maternité, elle s’est soumise sans broncher aux différentes consignes, contrôles réguliers, multiples examens complémentaires, rendez-vous préconisés avec de nombreux spécialistes. Rien d'autre ne comptait que mettre au monde son enfant dans les meilleures conditions pour lui, quel qu’en soit le prix pour elle.
Elle attendait impatiemment chaque consultation avec son obstétricien, appréhendait son verdict, repartait apaisée après la sentence rassurante. La science avait parlé.

L'accouchement a été difficile, travail laborieux et douloureux mais plus rien n'avait d'importance, son petit allait bien.

A nouveau enceinte deux années plus tard, elle revient en toute confiance vers le même praticien. Forte de l’expérience passée, elle comprend mieux les contraintes liées à sa maladie, les effets de celle-ci sur la grossesse, les éléments à surveiller.

Les mois passant, elle se sent déroutée par le suivi proposé qui lui apparait bien laxiste comparé au premier. Elle surveille les résultats de ses bilans, s’inquiète de certains chiffres et réclame une consultation supplémentaire qu'elle obtient avec difficulté.
Ses inquiétudes sont balayées de trois mots,"tout va bien".

Un peu court. La première fois, on lui prédisait les pires complications, cette fois-ci, il n’y aurait qu'à laisser faire. Elle peut imaginer que l’expérience acquise modifie la prise en charge actuelle mais souhaite se l’entendre préciser clairement.

Elle insiste donc et s’aventure à demander des explications, à souligner ce qui lui apparait incohérent dans son suivi. Le savant avenant se sent-il alors déchu ? Il tonne à nouveau "tout va bien !"  déjà debout pour la raccompagner à la porte, lui signifiant ainsi qu'il refuse de s’attarder sur ses questionnements.

Dépitée, elle revient la fois suivante accompagnée de son homme, afin de se sentir plus forte et d’oser affirmer ce qui ne lui convient pas. Elle parle mais le médecin ne veut rien entendre. Elle s'obstine. Furieux de son insistance, il annonce d'un ton sans appel qu'il va la confier à un autre de ses collègues, "puisque elle ne lui fait plus confiance" ...

Louable attitude qui permettra à cette femme de trouver écoute et réponses auprès d'un médecin plus enclin au dialogue mais qui lui fera aussi - résultat collatéral - quitter l’anonymat.
Dans les couloirs de la consultation, chacun désormais la reconnaitra et la saluera par son nom, soulignant ainsi que l'histoire de sa rébellion a fait le tour du service.

16 février 2010

Le macho

Proche du playboy, il partage avec lui la blouse ouverte sur un torse viril et une arrogance certaine envers le sexe opposé.
Il s’étonne encore de la féminisation de son métier, prompt à considérer que les gynécologues femmes sont tout juste bonnes à distribuer des plaquettes de pilules. Lui se vante d’être à la fois obstétricien ET chirurgien. Pour autant, l’obstétrique ne l’intéresse que lorsqu'elle déraille. La physiologie se passant de ses compétences, il ne s'y sent pas suffisamment valorisé et reste perplexe sinon hilare devant ces femmes affirmant vivre comme un accomplissement l’épreuve de l'accouchement.

Ce qui le fait vibrer, c’est la complexité d'un diagnostic, l’incident, la complication imprévue qui lui permettent de se poser en sauveur. Situations, à ses yeux, trop rares en obstétrique. De fait, il préfère la gynécologie et son cortège de pathologies lourdes nécessitant ses compétences chirurgicales. Là il peut briller. Bonus supplémentaire,  nul besoin de s’éreinter à expliquer ce que l’on fait à une patiente sous anesthésie.
De l’obstétrique, il n’apprécie finalement que le côtoiement de jeunes sages-femmes à qui il trouvera toujours moyen d’emprunter un stylo, insistant pour aller se servir lui même, si possible dans la poche poitrine. Il ne faut pas rater une occasion de tâter, frôler et de tester un charme dont il ne doute jamais.
En consultation, selon l'âge et la morphologie de la femme présente, il sera plus ou moins avenant, plus ou moins enclin à passer le relai à l’étudiant pour un examen complet.

En bonne santé, petite et ronde, elle n’avait aucune chance de l’intéresser.
Elle a subi une césarienne pour stagnation de la dilatation quelques semaines auparavant; c'est lui qui l'a opérée. Elle s’interroge maintenant sur son avenir obstétrical, les probabilités d'un accouchement par voie basse et a souhaité le revoir en consultation.

Lui est fatigué, débordé et peu disposé à se pencher sur son dossier. A quoi bon se projeter dans l’avenir, il sera bien temps de voir lors de la prochaine grossesse. Tout cela n’est que coupage de cheveux en quatre, préoccupation mineure. Elle va bien, son enfant aussi, que lui faut-il de plus ?

Elle tente d’insister. Il l’écoute avec indifférence, arrachant à son bras un peu de peau pelant du fait d’un récent excès de bronzage et roule machinalement les cellules mortes en petit boudins gris qui vont s’échouer sur le sol…

Pour couper court à ses questions, il l’invite à s’installer sur la table d’examen.
Se penchant sur le ventre dénudé, il s’auto-congratule pour la qualité de la cicatrice, si belle, si fine, si bien réalisée... guettant les félicitations qui ne sauraient tarder.

Elle tient sa revanche. Le défiant du regard, elle assène «Vous n’y êtes pour rien ! Vous êtes parti en lançant "y a plus qu’à refermer !" C’est l’interne qui m'a recousue, c'est lui qu’il faut féliciter».

6 février 2010

Désinformation!

Un article découvert hier sur la toile. Une première lecture rapide me laisse pantoise. Avant de m'énerver, je vérifie que l'article est récent. Le site me confirme que la publication date de la veille.

Je cherche un peu et quelques clics plus tard, je découvre qu'il a été publié ici, à la virgule près... le 8 juillet 2004 ! Il est également repris ici et cité .

Je ne sais qu'elle est l'audience des ces différents sites mais voilà une excellente manière de véhiculer des contre vérités au sujet de l'accouchement à domicile. Détaillons ensemble ce monument de désinformation, cette accumulation d'informations périmées ou erronées...

Un certain nombre de femmes ne souhaitent pas un accouchement trop médicalisé et préfèrent laisser faire la nature en accouchant à la maison (aad). La plupart de nos parents n'ont-ils pas vu le jour de cette manière ?
Cette année, en France, 497 bébés ont vu le jour " chez eux " avec l'aide de 50 sages-femmes libérales.

Chiffres fournis par le CNO : en 2008, 1052 AAD ont été réalisés par 72 sages-femmes.

Parmi ces naissances, 91 % des accouchements se sont déroulés par voies naturelles. Un seul bébé polymalformé est mort pendant le travail.

Tous les bébés ayant vus le jour chez eux sont nés par les voies naturelles.. Que je sache, on ne pratique pas de césarienne à domicile.

Sur 242 naissances à domicile, on a recensé 3,4 % d'épisiotomies, 62,6 % de périnées intacts, 32 % de déchirures au 1er degré (ne nécessitant qu'un ou deux points de suture) et 1,2 % de déchirures du second degré (3 à 5 points de suture).

Les accouchements à domicile se déroulent avec l'assistance du père et d'une sage-femme, et dans certains rares cas, avec l'assistance d'un médecin.

Certains médecins trouvent ce procédé particulièrement inconscient et choquant, car selon ces derniers, même si dans la plupart des cas l'accouchement se passe sans problème, il existe toujours des incidents imprévus (autour de 10 %) nécessitant d'avoir à portée de main le matériel médical adéquat.

L'accouchement est une succession d'imprévu. C'est la gestion de ces imprévus qui doit être organisée bien en amont,  (exclusion de certaines situations, ouverture d'un dossier en maternité, organisation d'un éventuel transfert).

Pour le Docteur Frédéric Fenasse, gynécologue-obstétricien :
" ce sont surtout les sages-femmes qui y sont favorables car leur philosophie correspond à un complexe. A l'hôpital, elles sont soumises aux décisions du médecin accoucheur. A domicile, elles décident toutes seules. Elles sont très compétentes, mais j'estime qu'il est imprudent d'accoucher à domicile. Pour moi, il n'est pas question de faire courir un risque quelconque à la maman et à son enfant ! "

Nous voilà rhabillées, nous sommes donc complexées et pas à même de décider seules... C'est dans ces moments de grandes solitudes que l'on devine combien la collaboration et la complémentarité entre les compétences respectives des sages-femmes et des obstétriciens peut parfois rester un vœu pieu.

Le Docteur Dominique Schirr-Bonnans, émet une opinion diamétralement opposée ; en effet, il accouche à domicile depuis plus de 10 ans.
" Accoucher à la maison n'est pas forcement la meilleure méthode mais, en tout cas, la plus agréable pour l'accoucheur et pour la mère. Chaque fois que j'accepte un accouchement à domicile, la maman se prend en charge toute seule, écoute de la musique, s'occupe. Je reste avec elle, mais je ne la bouscule pas, je guide les évènements sans hâter les choses. Je suis cool. A l'inverse de lorsque je travaille à l'hôpital, où je me sens poussé à les précipiter. "

« Méthode agréable ». Si une sage-femme s'exprimait ainsi, la communauté des obstétriciens crierait au scandale, rappelant que la médecine n'est pas là pour être agréable ou cool mais efficace. Loin de tout folklore, les sages femmes assurent une prise en charge sécurisée, basée sur  une parfaite connaissance de la femme, de son histoire personnelle et médicale, une sélection des situations contre indiquant la naissance à la maison,  une présence attentive et constante.

Cependant, il est très important de signaler que pratiquer des accouchements à domicile n'est pas sans risques du point de vue médico-légal. En effet, une sage-femme a passé, l'an dernier, une nuit en cellule après le décès d'un nouveau-né. Les médecins et les sages-femmes encourent des peines privatives de liberté si l'accouchement se passe mal.
Rédaction tendancieuse qui laisse entendre que cette pratique est interdite Que ce soit à domicile ou en structure, nous avons très normalement à rendre des comptes en cas de problème.

En dépit des risques encourus, certaines mamans continuent à vouloir à tout prix accoucher chez elles.
Une petite dose de risque pour faire frissonner le passant avant la présentation d'une situation  abracadabrantesque (pardon pour le recours à ce célèbre néologisme).

Françoise a mis au monde 4 enfants chez elle avec, à chaque fois, la même sage-femme.Elle a eu des jumeaux dont un a dû être délivré par césarienne dans la maternité la plus proche. A la maternité, l'équipe médicale n'a pas été tendre avec elle, on lui a dit que ça lui servirait de leçon. Mais, pour les enfants suivants, Françoise est de nouveau restée chez elle pour accoucher.
Excellent exemple ! La grossesse gémellaire est une contre indication formelle à l'accouchement à domicile.

Ce que vous devez savoir si vous souhaitez accoucher chez vous
* Vous ne pouvez pas compter sur la péridurale

No comment

* Inscrivez vous quand même dans la maternité la plus proche, au cas où au dernier moment vous changeriez d'avis, ou si les choses se compliquaient.
Les sages-femmes sont des professionnelles responsables et adressent systématiquement les femmes à la maternité pour y ouvrir un dossier.

* Gardez toujours très près de vous le numéro de téléphone d'une ambulance ou du SAMU
Des fois que la sage-femme n'y aurait pas pensé; et puis le 15, c'est difficile à mémoriser !

* Allez à toutes vos visites prénatales
Cela concerne également toutes les femmes et ce sera une exigence de la sage-femme.

* Demandez toujours l'avis de votre gynécologue-obstétricien et suivez-le scrupuleusement.
Je m'énerve mais ça doit être mon complexe de sage-femme... Nous sommes compétentes pour suivre l'intégralité d'une grossesse.

* Prenez des cours de préparation à l'accouchement avec la sage-femme censée vous accoucher.
Je souligne censée ou j'arrête de m'énerver ?

Les adresses utiles
NAISSANCE ET LIBERTE, 43, promenade de le Belle-Scribote 3430 MARSEILLAN Tél. : 04.67.01.43.18

Dissoute depuis une dizaine d'années !

* NAISSANCE ET CITOYENNETE, 62, rue du Faubourg -Poissonnière 75010 PARIS Tél. : 01.42.46.69.96
En sommeil depuis  5 ans !

Par contre le CIANE, très actif « Collectif associatif autour de la naissance » n'est pas cité

* ASSOCIATION NATIONALE DES SAGES FEMMES LIBERALES (ANSFL)

Tél. : 04.75.88.90.80 (prenez tous les renseignements utiles sur la sage-femme que vous aurez choisie pour vous accoucher)
La ligne téléphonique est fermée depuis un an. L'ANSFL a par contre un site que je vous encourage à consulter.

Ce que vous coûtera votre accouchement à domicile
* Les consultations prénatales sont entièrement remboursées par la sécurité sociale
* L'accouchement et les visites post-natales ne sont pris en charge qu'à la hauteur de 152€.

313 €
* Restent 228 € de dépassement d'honoraires qui comprennent 5 visites post-natales.
A voir avec la sage-femme. Les visites postnatales au-delà de la première semaine sont prises en charge par la sécurité sociale.
* Et le dépassement d'honoraires de la sage-femme lors de l'accouchement qui peut varier (de 152 à 610 €), et qui n'est absolument pas remboursé.
Les dépassements d'honoraires varient énormément de 0 à plus de 1000€.

Article rédigé par Chrystelle, sage-femme, intervenante forum.
Z'êtes bien sur ???

10 janvier 2010

Coachée

Il fallait s'y attendre, le coaching pour femme enceinte est arrivé sur le marché. Plusieurs offres circulent sur le net.
Les annonces sont alléchantes, une grossesse heureuse, sans la moindre angoisse, un accouchement merveilleux, accompagnement des femmes en période de transition dans l'épanouissement de leur vie (sic).
Aucun tarif n'est précisé, pour savoir à combien se monnayent ces services, il faudra prendre contact avec le coach.

Quelle incompétence criante de notre part, nous professionnelles de la naissance, qui n'avons pas trouvé le Graal permettant aux femmes de vivre à coup sûr ces neufs mois sans "la moindre angoisse".
Qu'une femme ne reste pas seule face à ses questionnements est évidemment nécessaire. Mais ce soutien est déjà proposé par des professionnels de santé, qui plus est conventionnés.

Cette irruption d'une certaine forme d'économie libérale dans le système de santé apparait périlleuse. Parmi les décideurs, certains cantonneraient bien les sages-femmes aux actes techniques, en déléguant toute forme d'accompagnement à des coachs auto proclamés et non remboursés par l'assurance maternité.
Comme déjà souligné dans d'autres billets, les finances publiques gagneraient à replacer les sages-femmes au cœur de la périnatalité physiologique, à favoriser l'accouchement à domicile et en maison de naissance, à privilégier l'action préventive d'un accompagnement apaisant plutôt que l'action curative de thérapeutiques couteuses...

Les sages-femmes réclament les moyens de proposer cette prise en charge globale, continue, évidemment médicale, mais aussi psychologique et sociale. 
Du début de la grossesse à la fin du suivi post-natal, c'est une année entière partagée avec une femme, un couple, une histoire, relation chaleureuse et sécurisante qui se construit et se renforce au fil des mois et peut se poursuivre à chaque nouvel enfant. De plus, la compétence pour le suivi gynécologique récemment accordée aux sages-femmes nous permet maintenant de prolonger cet accompagnement entre deux grossesses.

Alors non, pas de coach venant rassurer une future mère en nous laissant le soin de vérifier la tension artérielle ou la hauteur utérine.
Il y a plus de 3 000 sages-femmes libérales, plus de 17 000 sages-femmes en maternité. Ne cherchez pas ailleurs, pas plus loin, elles sont là !

1 janvier 2010

Nouvel an, nouvel élan ?

Au sein des maisons de naissance québécoises, il est admis qu’une sage-femme peut suivre 40 à 50 femmes enceintes par an.
En France, il y a environ 830 000 naissances chaque année et plus de 20 000 sages-femmes… Faites le compte, nous sommes suffisamment nombreuses pour ouvrir des maisons de naissances réparties sur tout le territoire ! Enfin nous allons être en mesure de proposer cet accompagnement global, souhaité par les couples, revendiqué par les sages-femmes, à la fois chaleureux, préventif, sécurisant et économique.*

Quelle belle année 2010 !

...

...

Fin du «rêve». La DHOS avait annoncé l’adoption des décrets permettant cette expérimentation dans le cadre de la Loi de financement de la sécurité sociale 2010. Cette loi vient d'être publiée au journal officiel et on n'y trouve aucune mention des maisons de naissance.

Devons nous nous en étonner ? Nous avions là un projet répondant à une demande des parents comme des professionnels, économiquement viable, reconnu et en constant développement dans de nombreux autres pays.

Folie d’espérer que la France s’en inspire…

Ici, les petites maternités sont fermées et le regroupement des structures aboutit à la concentration des naissances.
Ici, les lieux d'accouchement s'éloignent du domicile des parents mais l’on affirme dans le même temps que - pour des raisons de sécurité  - une maison de naissance doit être attenante à une maternité.
Ici, les déremboursements  sont multipliés pour renflouer le budget de la sécurité sociale mais l'on renonce à mettre en œuvre des  mesures sources d'économie et répondant aux attentes des assurés afin de ne pas heurter l’électorat médical.

Les sages-femmes avaient avalé de multiples couleuvres dans l’espoir irraisonné que cela permettrait le début d’un demi-pas en avant…
Les maisons de naissance, cent fois annoncées, cent fois reportées, dénaturées avant que d’être nées…. ne seront pas pour 2010.


* Faut-il le préciser, bien évidemment toutes les femmes n’ont pas le souhait d’accoucher en maison de naissancetoutes n’en auraient pas la possibilité médicale et toutes les sages-femmes n’ont pas envie de travailler ainsi. Il ne s'agit pas d'imposer l'accouchement en MDN mais simplement de le permettre...

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