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Dix lunes
15 décembre 2012

C'est chou !

 

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Petite sortie en famille. Nous achetons des plants de choux pour les repiquer dans notre jardin.

De l'autre côté du magasin, une jeune vendeuse  fait de grands signes pour attirer mon attention. Je ne la reconnais pas tout de suite, et puis je me souviens.

Elle est suivie par une de mes collègues mais ce soir-là, elle appelle en urgence et c'est moi qui la reçoit. Allaitant son bébé de quelques semaines, elle présente  un "magnifique" engorgement. Pas de fièvre, mais des seins plus que tendus, des tétées difficiles, douloureuses et peu efficaces. Cela fait deux jours qu'elle se débat et le découragement la gagne.

Comme souvent, la simple réassurance, les explications sur le mécanisme de cet engorgement l'apaisent déjà. Mais il faut soulager ces seins trop lourds de lait. Je déroule tous les petits trucs ; le verre d'eau chaude pour vider un peu le sein afin que l'aréole soit souple et préhensible, les compresses chaudes avant la tétée pour aider le lait à couler, froides après pour leur effet anti-inflammatoire, les positions à prendre...

J'ai bien une autre idée mais... j'hésite un instant parce qu'elle ne me connaît pas et que je ne veux pas décrédibiliser tout ce que je lui ai conseillé auparavant. Et puis je me lance dans la présentation des cataplasmes de feuilles de chou et de leur effet décongestionnant.

Je ne sais pas ce qu'elle pense de ce soin peu conventionnel mais dans l'état où elle est, elle veut bien "tout" essayer.
Le coup de fil du lendemain atteste que le traitement est efficace.

C'est sans aucun doute ce qu'elle veut me signifier par son ample gestuelle. Elle désigne alternativement la barquette de choux que je tiens et ses seins qu'elle empaume à pleines mains. Elle renouvelle cet aller-retour pour être certaine que je comprenne le lien. Puis elle tend les deux bras devant elle, poings serrés, pouces levés, dans un geste de victoire... 

Nous sommes trop loin pour échanger quelques mots mais nos sourires sont complices.

 

 ©Photo Lawrence OP

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14 décembre 2012

Agenda

 

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Elle a délaissé tout suivi gynécologique depuis la pose de son stérilet il y a quatre ans et s'en préoccupe à nouveau. Motivée par l'expérience d'une amie venant de subir une conisation, faire un frottis lui apparaît soudain comme une quasi urgence.

Je cherche à lui trouver une plage horaire correspondant à ses disponibilités. Plutôt le jeudi ou le vendredi parce qu'elle ne travaille pas, plutôt assez vite car elle est inquiète, plutôt le matin car son enfant est à l'école, mais pas trop tôt car il faut l'y déposer...

Je propose une première date qui ne lui convient pas. Une autre qui tombe pendant ses règles. Une autre encore. Elle hésite, je l’entends feuilleter les pages de ce que j’imagine être son agenda. Elle marmonne pour elle même "Ce jour-là, j’ai déjà dentiste", hésite encore et dans un gros soupir, confirme "D'accord pour ce vendredi là, ce sera la journée des rendez-vous chia..."

Gentiment elle tente de se rattraper. Sa phrase se termine dans un chuintement indéterminé.

 

©Photo ale © colour

 

 

13 décembre 2012

Garde à vous

 

5249624713_5f4aed5030_bElle raconte la naissance de son ainé. Sa première surprise a été de bien tolérer les contractions. Elle imaginait la tempête, ce n'est qu'une brise marine. Elle passe un long moment chez elle, certaine que son enfant est en route mais convaincue de n'être qu'aux prémices de l'accouchement. Puis le vent se renforce et les incite à partir pour la maternité.

La seconde surprise est d'apprendre qu'il n'est plus temps de poser une péridurale. La dilatation est complète, l'enfant déjà bien engagé. Elle n'a pas du tout anticipé cette situation et se sent très démunie.

Clinique privée oblige, son obstétricien est appelé. Entre temps, la sage-femme présente cherche à la rassurer. Tout se passe bien. Elle va mettre au monde sans tarder ce bébé qui ne demande qu'à naître, déjà presque posé sur le périnée. D'ailleurs, si elle le veut bien, en prenant juste un peu d'air, en soufflant doucement, il va avancer tranquillement...

Peine perdue. Sa panique va croissant ; cette douceur ne lui convient pas, ne la contient pas.

Puis le médecin arrive et elle décrit combien son autorité l'a rassurée. "Quand j’accouche, faut me donner des ordres simples. La sage-femme me parlait gentiment. Le gynéco a été plus efficace : INSPIREZ, BLOQUEZ POUSSEZ ! "

 

©Photo VSELLIS

12 décembre 2012

Jackpot

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Nous quittons à pas rapides le centre de congrès qui abrite cette rencontre professionnelle. La journée passée nous a miné le moral.

De trop nombreuses communications assurées par de doctes docteurs religieusement écoutés. De trop gentilles sages-femmes prêtes à se réjouir chaque fois qu'une once de compétence leur est reconnue. Une parole accaparée par les mandarins et le présupposé que les processus physiologiques ne méritent pas d'être analysés.

Nous sommes censés vibrer de concert à la pathologie rare et savamment gérée par un protocole pointu.

Nous fuyons donc pour aller retrouver la voiture chèrement garée au parking voisin.
Devant nous, à la caisse automatique, un austère homme d’affaire, paré de tous ses attributs, costume et cravate sombres, chemise blanche et attaché case, s'apprête à payer.

Une fois son ticket avalé, des chiffres s'alignent sur l'écran numérique. Il cherche sa monnaie, n'en trouve pas mais, sûrement conforté par l’affiche annonçant "la machine fait l'appoint", glisse un billet dans la fente dédiée.

L'appareil cliquète un instant puis laisse tomber, une à une, un nombre conséquent de petites pièces jaunes. Si conséquent que le réceptacle déborde bruyamment. L'homme se baisse pour rattraper sa monnaie tombée au sol.

En se redressant, il nous lance un grand sourire «Vous auriez du jouer aussi ! »

Inattendue complicité qui égaye enfin notre journée.

 

©Photo

 

11 décembre 2012

Mon poussin !

 

3158417292_268a14c8d7_bIls reviennent de la seconde échographie. Comme souvent, la position foetale n'était pas optimale et le praticien peinait à observer / vérifier /mesurer tout ce qui se doit de l'être lors de cet examen.  

Tant peiné qu'il renonce. Reposant sa sonde avec un sourire un peu contraint, il annonce aux parents que décidément non, il ne parvient pas à voir tout ce qu'il doit voir. Il leur propose d'aller faire un petit tour et de revenir dans une heure. En attendant que ce bébé fasse preuve de bonne volonté, il va prendre les patients suivants.

Ce n'est pas tout à fait ainsi que le couple a prévu de passer son après-midi mais quand il faut... Ils vont docilement marcher dans les rues enguirlandées pour revenir à l'heure dite.

Il y a comme une impression de déjà vu quand elle s'installe dans la petite salle quittée un peu plus tôt. Les mêmes gestes pour enlever son manteau, le poser sur la chaise, relever son pull, baisser son pantalon... la même giclée de gel glacé accompagnée de la même annonce rituelle "C'est un peu froid".

L'échographiste, tout en s'inquiètant de savoir si la promenade a été bonne, s'empare de la sonde, la pose sur le ventre rebondi et s'exclame " Mais il a pas bougé l'animal ! "

C'est à ce moment que le père interrompt son récit détaillé pour remarquer ironiquement... "C’est déjà un peu difficile de m’imaginer papa alors que j'arrive même pas à me représenter le bébé mais franchement, le qualificatif d’animal, ça m'aide pas !".

 

©Photo 

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10 décembre 2012

Clairvoyance

 

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A l’examen du neuvième mois, son médecin lui prédit un accouchement facile et rapide.

Elle le raconte avec un immense sourire lors de la dernière séance de préparation, visiblement rassurée par ce pronostic venant contredire ses expériences passées.

Je souligne prudemment la différence entre un constat clinique favorable lors d'une consultation et la prédiction. Personne n’est en mesure d'annoncer avec précision le déroulement d'une naissance. 

Le jour J, l’accouchement traîne en longueur, suffisamment pour que la sage-femme appelle le médecin de garde."Heureuse" coïncidence, le médecin est celui rencontré à la dernière consultation. Très gentiment, il s'excuse d'avoir pronostiqué à tort un travail rapide.

Elle, fatiguée, forcément déçue de retrouver la lente progression coutumière à ses accouchements précédents, fâchée d’avoir été trop rassurée, vexée de lui avoir fait confiance, lui lance :
"Lola, elle l’avait bien dit que vous vous trompiez tout le temps ! "

Ce n’était pas tout à fait ce que j’avais dit...
Mais mes oreilles ont sifflé fort ensuite !

 

©Photo april-mo

 

9 décembre 2012

Chorégraphie

 

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Fin de la séance de préparation. Assis sur les tapis au sol, chacun commence à remettre ses chaussures. Selon la conception des modèles, le geste est plus ou moins aisé pour ces femmes en fin de grossesse.

Lui est déjà debout, prêt à partir. Manteau boutonné, écharpe nouée autour du cou, il attend que sa compagne ait terminé, peut-être un peu impatient d'aller fumer sa cigarette. C'est ce dont semble témoigner sa main gauche qui fébrilement fait pivoter un briquet jetable.

Gênée par son ventre plus que rond, elle peine à lacer ses souliers et sollicite son assistance.

Il répond à voix trop haute "Tu veux que je t'aide ? Ben lève la jambe ma chérie… "  sans amorcer le moindre geste.

L'éclat de rire est général.
Confus, il s'agenouille à ses pieds pour se saisir délicatement des lacets.

 

©Photo

8 décembre 2012

Fatigue

 

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C'est notre première rencontre et la dernière consultation d'une longue journée. Elle m'épelle son nom qui accumule les lettres comptant triple au scrabble. Je la fais répéter deux fois. 

Je bafouille à chaque phrase, cherche successivement stylo, roulette, m'interromps pour répondre à un appel, plante mon ordi en cherchant l'info demandée, raccroche en promettant de rappeler un peu un plus tard et ne retrouve plus mon stylo...

Je reprends la consultation. Elle me donne la date de naissance de son premier enfant, puis, quelques minutes plus tard, la date de ses dernières règles. Les deux coincident, à trois ans près. Elle s'amuse à le souligner : "Je vous le fais remarquer parce que dans l'état où vous êtes, vous allez croire ensuite que vous avez mal noté".

Je pourrais en être vexée mais son grand sourire atteste d'une sincère solidarité.

 

©Photo

 

 

7 décembre 2012

Fraternel

 

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Leur enfant vient de naître. Une fois installés dans leur chambre, ils attendent avec un peu d'appréhension la première visite de l'aîné, craignant sa réaction devant l'irruption de l'intrus...  

Evidemment, tout lui a déjà été expliqué ; l'aménagement de la chambre et le choix parmi ses jouets de ceux qu'il destinait au petit frère sont venu concrétiser cette arrivée prochaine. La promesse que ce bébé viendrait avant les fêtes de Noël a permis de délimiter l'attente. Enfin, ils ont été tous les trois acheter très officiellement le doudou que le grand offrirait au petit en gage d'indéfectible fraternité.  

De leur coté, les parents ont évité de trahir sa confiance en lui laissant croire que le bébé amènerait un cadeau mais l'emballage du jouet choisi pour lui de longue date brille dans la valise. Cet ainé sera dignement reçu et dignement fêté. Pas question qu'il se sente délaissé après la naissance.

Il arrive donc, ce grand tant attendu. Il contemple avec intérêt le nouveau-né blotti dans les bras maternels, s'aventure à caresser ses cheveux, s'amuse de voir la minuscule main enserrer son index, tripatouille un peu les oreilles, s'extasie un moment "Il est beau le bébé, il est gentil le bébé".

La crise de jalousie tant redoutée n'a pas l'air de se profiler et les parents commencent à se détendre un peu...

C'est le moment qu'il choisit pour les interpeller, désignant son cadet d'un doigt accusateur "Bon ben c'est quand que sa maman vient le chercher ? "

 

 

 ©Photo

6 décembre 2012

C'est pas tous les jours Noël...

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Nous vous prions de nous excuser pour cette brève interruption de programme...

Je vous avais promis des billets légers et joyeux pendant 25 jours. Mais ça va être dur de tenir ; outre que je n’avais pas anticipé qu’écrire un billet par jour était un pari un peu fou…, je n’avais surtout pas anticipé les nouveaux coups de gueule à venir.
Naïve la fille quoi.

Voilà donc une colère toute neuve.

Cette jeune femme dont j’ai suivi la grossesse revient me voir avec son bébé juste né. C’est la première semaine à la maison avec un premier enfant et le jeune couple déborde de questions… Très logiquement, je ressors le dossier pour noter le contenu de la consultation.  

Forcément je lis la phrase écrite en rouge sur la couverture (bon moyen de ne pas oublier les incontournables). Est donc écrit en rouge et grassement souligné : " Rudivax en PP " 

En clair, cela signifie que cette jeune femme que j'ai connue au début de sa grossesse n’a jamais eu la rubéole, que personne n’a eu l'idée de la vacciner avant qu'elle ne pense à être enceinte, qu’elle, son compagnon et moi avons un tout petit peu croisé les doigts les premiers mois pour qu'elle ne rencontre pas le virus pile à ce moment-là, que ledit virus a eu la gentillesse de passer son chemin et que comme ce serait ballot de recroiser les doigts la prochaine fois, ben on va se dépêcher de la vacciner juste après l’accouchement, avant qu’un nouveau projet de bébé n'arrive dans sa vie…

Et pour ne pas oublier, c’est donc noté en rouge.

Mais c’est sans compter l’obtuse bureaucratie ambiante puisque le vaccin contre la rubéole (Rudivax) a été retiré du marché le 12 novembre dernier au profit du ROR. Il est donc impossible depuis cette date de vacciner contre la rubéole sans faire dans le même temps le rappel oreillons et rougeole (le fameux ROR).

Outre que ça m’énerve un poil de revacciner "de force" des femmes qui ont déjà eu la rougeole (c’est son cas), y a un petit bug supplémentaire…

Le ROR n’est pas dans la liste des droits de prescription des sages-femmes.
La rubéole OUI (mais on s’en fout, ça existe plus) mais le ROR NON !

Ce qui signifie que cette dame dont j’ai suivi toute la grossesse, qui reviendra pour sa consultation postnatale et ensuite pour son suivi gynécologique (de prévention !), cette dame qui va très bien et n’a aucune pathologie, cette dame qui souhaite juste suivre mes conseils et se faire vacciner contre la rubéole … ben faut qu’elle aille voir un médecin pour avoir une ordonnance de vaccin.

Vaccin que dans leur grande mansuétude,  les mêmes bureaucrates qui m’interdisent de le prescrire, m’autorisent cependant à pratiquer…

 

©Photo

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