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Dix lunes
10 octobre 2011

Viril

 

Ils espèrent un nouvel enfant et celui-ci se fait attendre… comme le rendez-vous avec le gynécologue se fait attendre aussi, ils ont souhaité venir me voir, "pour faire le point" me dit-elle.

Le point sera rapidement fait. Une heure pour convenir avec moi que je ne suis pas la personne compétente en la matière, ce que je lui avais précisé lors de la prise de rendez-vous mais elle avait insisté.
Une heure et une consultation que je ne ferai pas régler parce que cela me mettrait mal à l’aise (puisque je ne suis pas la personne compétente…)

Une heure quand même pour évoquer leur désir d’enfant, la pression mise par la famille, les aléas divers de la vie qui font que, peut-être, ce bébé n’arrive pas du fait de quelques casseroles plus ou moins conscientes que le couple doit régler auparavant.

Une heure enfin à tenter de comprendre ce qui s’était passé lors de la première grossesse qu’elle décrit comme compliquée et très suivie. Elle affirme avoir tout oublié de ses difficultés précédentes pour n’en garder que le meilleur, son enfant !
Quels symptômes ? Ca n'allait pas fort. Quels bilans ? Elle ne les a pas. Quels traitements ? Elle ne sait plus vraiment, "une boite blanche avec une bande verte je crois"…

De cette marée d’approximations, doutes et hypothèses émerge une seule certitude, celle de son compagnon lançant fièrement "Moi, mes spermatozoïdes sont en bétons... et d’ailleurs, j’en ai plus que la moyenne ! "

Et dans son œil, toute la conviction de la virilité affirmée.

 

 

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20 mars 2011

Mot à mot

 

Cette magnifique jeune femme arrive avec un tout aussi magnifique enfant dans les bras. Son sourire est éclatant, celui de sa fille tout autant.

Heureusement que nous avons ce moyen de communication car la langue est une vraie barrière. Elle bredouille qu’elle parle très peu le français, hélas pas du tout l’anglais ; par contre l’allemand ou le russe lui iraient bien… Je sais dire merci en russe et mes années d’allemand remontent au lycée… va pour le français ! Au pire, on se débrouillera avec un traducteur en ligne.

Finalement son français n’est pas si mauvais. Je choisis mes mots,  parle lentement, accompagne mes paroles de nombreux gestes et mimiques… elle aussi. Un peu laborieux mais on y arrive.

A la fin de cette consultation, nous somme l’une et l’autre plutôt soulagées d’avoir pu nous comprendre.
Nous sommes en train de nous dire au revoir et je souris à sa petite fille qui me gratifie aussitôt d’un enthousiaste «areu »… que je répète évidemment ; comment résister aux tentatives de séduction d’un nourrisson ?

Le visage de sa maman s’éclaire : « Areu ? Areu ? Allemand, on dit aussi ! »


14 février 2011

Les mots pour le dire

Plus que plantureuse, les cheveux cachés par un voile, les mains potelées immanquablement croisées sur le ventre, toujours souriante, son regard vif contraste avec son attitude réservée. Elle murmure plus qu'elle ne parle. Sa gentillesse me fait fondre, sa timidité m'invite à la plus grande attention.
Elle a vécu, dans son pays d'origine, un premier accouchement extrêmement difficile et sans possibilité de recours médical. Elle a eu depuis d’autres enfants en France, tous nés par césarienne. C’est à l’occasion du suivi rapproché prescrit pour sa dernière grossesse que nous nous rencontrons.

Elle revient me voir après la naissance et me confie alors un autre pan de son histoire ; plus aucun désir, plus aucun plaisir depuis son premier accouchement dantesque. Aucune douleur, pas de lésion apparente, "juste" ce corps qui ne réagit plus.

Je mesure combien évoquer ce sujet lui a été difficile. Unique dépositaire de ce secret, je me dois de l'aider. Mais nos échanges atteignent rapidement ma limite de compétence, il lui faut un accompagnement plus adapté.
Je lui propose alors de retourner à la maternité pour y consulter une psychologue, faisant l'hypothèse que ce cadre connu l'effraierait moins. Elle refuse avec force, ce n'est pas cela qu'il lui faut. J’évoque prudemment une consultation de sexologie et elle acquiesce immédiatement. Décidément surprenante.

Nous nous mettons en quête d’un médecin qui prendrait en compte ses faibles revenus car nombre de praticiens de la région pratiquent systématiquement des dépassements d'honoraires.
Le premier correspondant, hospitalier, est débordé. Je l’oriente alors vers un autre spécialiste en insistant pour qu'elle précise bien sa situation de bénéficiaire CMU. Rendez-vous est pris.

C'est ce qu'elle revient m'annoncer. Je la félicite de sa démarche, l'assure de ma disponibilité, souligne que je serai heureuse d'avoir des ses nouvelles. Elle sourit, baisse les yeux, mais n'esquisse pas un au revoir. J'attends.

Le silence persistant, je m'autorise une question.Y aurait t-il autre chose qu'elle ait envie de me dire ?
Elle saisit la perche. La secrétaire lui a demandé une lettre de son médecin traitant. Parcours de soin j’imagine. Mais évoquer son absence de libido avec son généraliste est un triple défi. Il est homme, plutôt bourru, et médecin traitant de son conjoint.

C’est ainsi que je me retrouve à rédiger laborieusement un courrier à ce "Cher confrère" inconnu afin de lui exposer sommairement les difficultés sexuelles de sa patiente et l'inviter à une écoute empathique lors de la prochaine consultation...

21 janvier 2011

Mictions impossibles

Massive, le cheveu dru et blanc, l’œil vif, la voix forte, elle ne passe pas inaperçue.

Elle vient pour traiter une situation invalidante, des besoins irrépressibles et très fréquents d’uriner qui la clouent chez elle. Elle fuit le marché qu’elle aimait tant, ne fait plus ses courses que dans une grande surface proche de son domicile disposant de toilettes facilement accessibles, a renoncé aux sorties organisées par le club des anciens, n’ose plus répondre aux invitations de ses amis.
75 ans, veuve, elle reste malgré son âge alerte et tonique ; mais sa vessie la condamne progressivement à la solitude.

Elle reprend espoir lorsque, osant enfin en parler à son médecin, il lui prescrit des séances de rééducation. Elle arrive chez nous bien décidée à corriger cette vessie devenue incontrôlable.

Nous travaillons donc, avec assiduité, motivation. Elle se plie sans protester à mes "exigences", répète les exercices quotidiennement, consigne avec précision ses ressentis, la fréquence de ses passages aux toilettes, note les petits progrès.
Au fil des semaines, elle reprend le contrôle de sa vessie, retrouve confiance, s’autorise une sortie au restaurant avec le club, puis s'aventure à une excursion en car. Libérée de ses anciennes contraintes, elle retrouve amis et joie de vivre.
Nous pouvons nous quitter.

Quelques mois plus tard, je la croise dans un des rayons de la supérette voisine. Quelques clients y font leurs courses, leur panier à la main. La musique de fond est discrète, l’ambiance aseptisée.
A quelques mètres l’une de l’autre, nos regards se croisent. Je n’ai pas le temps de m’approcher pour la saluer. Rompant le silence quasi monacal du temple consumériste, elle s’écrie avec force Oh ! Lola ! Ça me fait plaisir de vous voir, je pense à vous tous les jours quand je fais pipi !

Je prends de ses bonnes nouvelles puis me sauve sans oser lever les yeux sur les clients qui nous entourent.
Mais je m'amuse encore à l'idée ce qu'ils ont pu penser...

PS : Pardon pour le titre calamiteux. J'ai pas pu résister...

15 janvier 2011

Partage

C’est une réunion de sages-femmes, un temps de rencontre où chacun peut évoquer son métier, son expérience, son ressenti, son vécu, ses attentes.
Un moment chaleureux où nous percevons la force de ce qui nous porte tous.
Un temps d’énergie partagée qui donne l’envie d’aller plus loin.

C’est aussi l’occasion d’évoquer les difficultés rencontrées.

L'une de nous prend la parole. Sa gorge est serrée, ses mots retenus, l’émotion affleure à chacune de ses phrases. Elle vient de passer une nuit sans sommeil auprès d’une femme dont l’accouchement était prévu à domicile. Au fil des heures, l’évidence s’est imposée. Cet enfant ne pourrait naitre à la maison.

Ils décident de partir à la maternité où la mère était inscrite - au cas où - maternité informée du projet initial... La sage-femme prévient de leur arrivée, en explique les motifs. Une fois sur place pourtant, l’obstétricien se braque. Il refuse de prendre en compte ce qui s’est passé auparavant puisque il n’en avait pas la responsabilité et exige que le protocole habituel soit suivi. Aucun respect pour la femme, son histoire, ses besoins, aucun respect non plus pour la sage-femme qui a accompagné les heures précédentes, qui sait ce qui s’y est passé, qui sait l’inutilité du protocole.

Bien plus tard, l’enfant naitra enfin, dans la tension, la fatigue, la violence.

Elle raconte. Sa voix ne tremble pas, ses yeux ne brillent pas, mais nous sentons chacune à travers ses mots sa souffrance. Il lui importe peu de ne pas avoir été entendue, que sa compétence lui ait été déniée. Non, la souffrance et la colère sourde qui l’habitent à ce moment sont celles de n’avoir pu protéger cette mère et son enfant de l’institution ; cette institution qui confond rigidité et sécurité, qui se défie du sur mesure en le prenant pour du laisser aller…

A cet instant, j’observe la main de sa voisine, autre sage-femme, qui vient de se poser sur son dos, verticalement, juste sous la nuque. Cette main, douce et immobile, affirme notre solidarité. Elle est un étai léger venant soutenir notre consœur.

Car nous partageons ce souci du bien être des couples et de leur petit, dépositaires d’un savoir que nous ne savons pas suffisamment transmettre.
Un savoir qui ne peut se dire en chiffres, en études randomisées, en odd ratio, en cohorte.
Un savoir qui s'appuie sur la force des femmes pour leur en donner plus encore.
Parce que l'histoire ne s'arrête pas à la naissance, elle se poursuit, elle recommence.

 


Sans rapport aucun (quoique...): l'on m'a demandé d'annoncer les Journées Annuelles d'Ethique qui auront lieu les 28 et 29 janvier à la Cité des Sciences. Je ne sais rien de plus que ce que dit le programme mais cet extrait du mail reçu me donne envie de relayer l'information :"Notre objectif : faire que les questionnements éthiques relatifs à la parentalité, la filiation et la place de l'embryon dans nos sociétés ne soient pas du seul domaine des spécialistes mais qu’ils puissent être appropriés et débattus par tous".

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27 décembre 2010

Contraceptif

TGV bondé des retours de week-end… pas d’échappatoire, les wagons sont pleins.

Un petit enfant surement très fatigué envahit l'espace de ses cris. Ses parents cherchent à l’apaiser, le bercent, le cajolent, tentent de faire diversion. Rien n’y fait.
Le père se lève alors et emmène le petit plus loin, dans le sas séparant deux rames. Même de là, les pleurs emplissent le wagon

Ils cessent par intermittence, nous laissant espérer l'apaisement puis reprennent de plus belle. Le petit bonhomme s'époumone avec enthousiasme.
Les minutes s‘écoulent, les hurlements font vibrer l’air…

C’est alors que j’entends une voix masculine s’élever derrière moi, assez fort pour être audible dans le vacarme du moment.
Il s'adresse à sa compagne assise à ses cotés :
« C’est là que je me dis, faut pas qu' t'oublies ta pilule »

21 juin 2010

Protégée

Ils vivent des moments difficiles ; la seconde échographie a révélé des images anormales, sans pour autant préciser une pathologie. Ils sont maintenant pris dans le tourbillon des examens complémentaires, bilans, consultations diverses afin qu’un diagnostic soit posé. Toutes les hypothèses sont plausibles, de la meilleure, une image sans signification et un enfant en parfaite santé, à la pire, anomalie génétique grave, atteinte cérébrale…

Elle doit ce jour là subir une amniocentèse. Elle a peur, peur du geste lui apparaissant agressif pour son bébé, peur du résultat de l’examen, peur de la douleur, nerfs à fleur de peau, car les tensions accumulées ces derniers jours l’ont privée de sommeil.

Son homme n’a pas été autorisé à l’accompagner.
Elle entre dans une pièce sans fenêtre et s’allonge sur le lit d’examen. Plusieurs personnes s’affairent autour d’elle. Son ventre est largement badigeonné de liquide ocre puis recouvert d’un champ stérile en papier. Encore une giclée de gel froid sur le bas de son abdomen et elle perçoit la pression de la sonde d’échographie.

L’angoisse la fige. Elle n’ose même pas tourner la tête. Son regard est rivé au plafond, assemblage de carrés blancs rythmé de fines barres de métal laqué. De temps à autre, un visage masqué traverse son champ de vision.
Elle entend l’équipe s’interroger, cherchant où piquer l'utérus afin d’obtenir suffisamment de liquide amniotique, éviter le placenta…

Elle ne comprend pas tout mais leurs mots savants, leurs questionnements multiples la bouleversent.
Trop de peur, trop de tension, elle accepte de livrer son corps mais son esprit doit s’extraire de cette salle.

Comment s’isoler ? Elle peut fermer les yeux pour ne plus voir leurs regards inquiets mais leurs parole l'envahissent. Ses bras sont immobilisés sous le champ stérile et elle ne peut couvrir ses oreilles.

Percevant sa détresse, la sage-femme se penche vers elle et cherche à la rassurer «Ne vous inquiétez pas, je ne suis là que pour vous », lui signifiant ainsi qu'elle s'est dégagée de tout geste technique pour mieux la soutenir. 
Elle murmure alors «je voudrais que vous me bouchiez les oreilles pour ne plus entendre tout ce qui se dit».

D’un geste délicat, la sage-femme vient placer ses paumes de chaque coté de son visage, créant ainsi un cocon doux et bourdonnant.
Apaisée par cette précieuse présence, yeux fermés, oreilles protégées par ces mains attentives, elle peut enfin s’évader.

12 juin 2010

Apparences

Coup de fil en milieu d'après midi, une femme inconnue souhaite un rendez-vous rapide. Sa compagne a accouché il y a quelques semaines et l’allaitement se révèle difficile. Leur bébé pleure beaucoup, ne prends pas assez de poids. Inquiétude, fatigue, elles sont à bout. De passage chez des amis, ils leur ont suggéré d’appeler le cabinet.

Je les accueille un peu plus tard. L’une très grande, costaud, carrée, cheveux coupés très court, vêtue d’un jean informe et d’une très large chemise à carreau, porte une mallette métallique qui évoque les valises de bricolage. L’autre, petite, fluette, une longue mèche de cheveux balayant son visage, me présente leur bébé lové contre son pull moelleux.

Je ne peux avoir de certitude quant à la mère « biologique » mais, au vu de leur présentation respective, la distribution des rôles me parait évidente. Ne voulant pas donner le sentiment d’un jugement arbitraire, je prends soin lors de nos premiers échanges de ne pas sembler désigner celle qui allaite. 

Bien m’en a pris car au fil de la discussion, je comprends mon erreur. Celle qui vient d’accoucher est la plus grande … et lorsqu’elle ouvre sa boite à outil, c’est un tire-lait qui apparait.

Penaude, je me surprends en flagrant délit d'inepte préjugé.

Nous passons un long moment à décrypter les difficultés de cet allaitement. Inquiètes pour leur bébé, elles me semblent avoir été plutôt mal conseillées, notant avec attention les tétées, n’osant pas s’affranchir d'un délai minimal de deux heures, tentant de stimuler la lactation avec un tire-lait, évidemment sans résultat puisque l’appareil, devenu baromètre de la production maternelle, est le lieu de toutes les tensions. D'évidence, il faut d'abord restaurer leur confiance.

Nous reprenons tout cela posément, pesons le petit qui s’est réveillé entre temps. J’accompagne ensuite sa mise au sein pour observer sa position et sa succion. Le bébé tète avec application, sous le regard attentif et ému de ses parents. Quelques phrases rassurantes sur son tonus, son éveil et autres signes positifs évidents les apaisent.
Je propose encore quelques pistes. Il faudrait nous revoir mais elles repartent très tôt le lendemain.

Au moment de me régler, elles tendent une carte bancaire. Je n’ai pas de lecteur de carte, elles n’ont pas de chéquier. L’une et l’autre s’affairent à vider leur fond de poche pour réunir les 17 euros de la consultation.
Malgré leur recherche appliquée, le compte n’y est pas tout à fait. Elles s’en désolent et me demandent de leur indiquer la banque la plus proche. Il est déjà tard, j’ai encore un rendez-vous qui m’attend mais surtout cette rencontre a été lumineuse. La qualité de leur présence, leur extrême attention l'une à l'autre et à leur enfant m’ont plus que touchée. J'assure que je ne suis pas à quelques euros près et leur souhaite une belle route.

Je reçois le couple suivant, le dernier de la journée. Plus tard, j’entends encore deux fois le grelot de la porte, m'informant que quelqu’un est entré et reparti. Rien d'étonnant, divers documents sont à disposition et chacun peut venir les emprunter.

En raccompagnant les parents, j’aperçois une enveloppe posée sur un fauteuil de la salle d’attente. Signée de leurs deux prénoms, elle contient un billet de banque et juste un mot, "merci".

Elles ont pris le temps d'errer dans cette ville inconnue pour trouver un distributeur puis de revenir jusqu’au cabinet déposer cette enveloppe.
J'ai reçu ce soir là bien plus que quelques euros manquants.

Merci à vous pour cette si belle rencontre.

9 avril 2010

Cadences

Silhouette diaphane, regard voilé, elle chuchote plus qu'elle ne parle. Trois petits à la maison, l’ainé n’a pas 3 ans, le dernier 2 mois.
Elle décrit la profonde fatigue qui ne l’a pas quittée depuis la naissance du premier enfant. Pourtant, nul accident de parcours, l'enchainement de ses grossesses était délibéré.
Perplexe devant cette apparente contradiction, je m’autorise à lui demander les raisons de ce choix.
« Nous voulions une grande famille mais je déteste être enceinte. Alors autant y aller à fond!»

31 mars 2010

A son corps défendu

Il est comte, vicomte ou marquis je ne sais plus mais il a pris soin de me faire savoir sa noble ascendance… Plutôt jeune, plutôt avenant.
Il l’accompagne à tous les rendez-vous, plein d’attention et de prévenance, aux petits soins pour elle.

Elle est extrêmement belle, extrêmement réservée et parle un français laborieux. Elle vient de l’autre bout du monde et porte leur enfant.

Belle histoire d’amour reliant deux pays, deux cultures, deux êtres humains.

Lors d’une consultation, je soulève la question de l’alimentation de cet enfant à venir. Avec ses mots maladroits, elle explique que dans sa famille, dans son pays, toutes les femmes allaitent leur bébé et qu’elle sera très heureuse de faire de même.

Il l’interrompt brutalement, et me lance, sans même la regarder «Il n’en est pas question, ça va lui abimer les seins et ses seins sont à moi».

Soudain le sentiment qu’il est allé faire son marché dans cet autre pays, ramenant comme un trophée la femme au corps parfait choisie avec soin.
Elle a baissé la tête.
Je tente de lui donner la parole mais elle s’est déjà rangée à ses arguments. Elle est sa propriété et cette évidence acceptée me glace.

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