Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dix lunes
maternite
22 août 2011

Tout et son contraire

 

L'intervention d’une sage-femme dans "Les grandes gueules", (le 18/08 entre 10 et 11h) m'a donné l'occasion d'écouter RMC. L’expérience fut éprouvante.
L'émission se voudrait informative mais s’apparente plutôt aux échanges arrosés d’un café du commerce, accompagnés des blagues graveleuses qui vont bien…
Elle débute avec quelques galéjades machistes sur "ces femmes qui déplorent d’être seules au milieu des hommes mais qui au final adorent ça"…
Puis les  intervenants abordent le périple du maire de la Seyne sur Mer (périple largement relayé ; au cœur de l’été, entre crise économique et combats libyens, un maire qui pédale doit être considéré comme une info rafraichissante).

Je souhaite revenir ici sur les interventions de Bernard Debré, professeur de médecine, urologue et député (UMP) qui argumente ainsi la nécessité de regrouper les plateaux techniques hospitaliers : "La médecine de proximité est dangereuse, on ne peut pas mettre du matériel ultrasophistiqué dans tous les hôpitaux".
Il précise un peu plus loin : "il faut parler de choses que l’on connait".
Belle déclaration d'intention qu'il s'empresse de ne pas respecter. Expert autoproclamé en périnatalité, il ose ensuite évoquer "l’enfant qui a un cordon autour du cou et qui s’étrangle, est ce que c’est prévisible ?"
Puis : "Il faut bien savoir que dans ces petites maternités, on n’est pas au courant, on ne sait pas bien faire. Le petit hôpital en bas de chez soi peut être horriblement dangereux. Il y a une présentation du siège, on ne sait pas le faire. Il y a un étranglement avec le cordon… c’est vu pendant l’accouchement, qu’est ce qu’on fait ?"
Il insiste encore "La taille est un facteur d’efficacité". Cette affirmation déclenche une nouvelle salve d'allusions machistes que je vous laisse imaginer...

Céline, la sage-femme,  s'est exprimée  sur les maisons de naissance. Elle a bien tenté d’élever le débat en évoquant les besoins des femmes. Mais son intervention a été brève et régulièrement interrompue par d'intempestifs commentaires ...

Qu'en retiendront les auditeurs distraits ?  Que les équipes de maternités de proximité sont incompétentes - merci pour elles  ! -  Et qu'un enfant peut s'étrangler avec son cordon. Inquiétude infondée fréquemment véhiculée par ceux qui n'y connaissent rien. Car s'il s'agit d'un circulaire du cordon (enroulé autour du cou), le dégager est un geste extrêmement banal que toute sage-femme peut pratiquer les yeux -presque- fermés ... A moins que Bernard Debré n'ait pensé à la procidence du cordon (je lui laisse le bénéfice du doute, imaginant qu'il a sciemment "simplifié" son discours pour le rendre accessible à ces ignares de parents). C'est un incident rare, qui se produit  généralement au moment de la rupture spontanée de la poche des eaux - donc pas forcément à la maternité - et nécessite une intervention médicale rapide. Pour les habitants de la Seyne du Mer, 55 minutes pour rejoindre la future maternité de Toulon, c'est dans ce cas précis bien trop !

Parfait argument pour justifier les maternités de proximité ...

 

Edit du 24/08 : la sage- femme s'appelle Céline ZIEGLER.

 


PS : pas d'autres suggestions pour "notre" anniversaire ?

 


Publicité
Publicité
8 juillet 2011

Glacée

 

Rendez-vous m'est donné dans un CHU par une étudiante en sociologie qui travaille sur notre profession.

Elle m'attend au pied de l'ascenseur pour me guider dans le dédale des couloirs. Enfilade de portes et codes pianotés pour déverrouiller les passages réservés au personnel, nous arrivons dans les vestiaires.

Sa main me tend alors une blouse de ce fin intissé bleu qui tient si chaud. Mon regard doit traduire l'étonnement car elle m'explique que le bureau prévu pour l'entretien se trouve au sein du bloc obstétrical. Il ne saurait m'accueillir en tenue de ville et chaussures soupçonnées d'être poussiéreuses. Me voilà donc affublée de la blouse réglementaire et des surchaussures couleur schtroumpf assorties.

Nous quittons le sas pour pénétrer dans un couloir ponctué de larges portes. Chacune est pourvue d'un hublot permettant de jeter un oeil à l'intérieur - intimité garantie ! Ce sont les salles de naissance et les témoins lumineux indiquent qu'elles sont toutes occupées. Pourtant, le plus grand silence règne. Nous croisons quelques blouses affairées ; vertes, bleues, roses, le pale est de rigueur. Quelques pas encore et le couloir s'élargit pour accueillir le bureau central, sorte d'immense comptoir.

Trois femmes pastel assises sur de hauts tabourets sont occupées à pianoter sur des claviers. Pas une ne lève le regard, pas de mot, pas de bonjour. Je n'aurai droit qu'à un seul sourire, bien plus tard, en repartant, celui d'une sage-femme déjà croisée ailleurs.

Plus loin, une blouse rose sort d'une salle d'accouchement. La porte coulissante s'est ouverte largement et se referme automatiquement avec une lenteur confondante. Elle laisse le temps d'apercevoir le profil d'une femme allongée ; à ses cotés, un homme de dos assis sur un inconfortable tabouret. Ses cheveux sont masqués par une charlotte élastiquée blanche ; il porte l'incontournable blouse en intissé bleu, trop étroite, fermée par des liens zébrant sa chemise sombre.

Nos pas nous rapprochent de la salle. La porte n'est toujours pas refermée. Pour pallier ces temps d'expositions imposés à chaque passage d'un soignant, un étroit paravent de toile placé en regard du lit masque le corps maternel à partir de la taille ; louable mais presque dérisoire tentative pour préserver la pudeur des parturientes.

Mon oeil accroche encore la tubulure de la perfusion, le monitoring, puis le regard de cette femme qui sentant le mien peser a lentement tourné son visage vers moi. Je baisse les yeux honteusement. La porte se referme enfin.

Cette scène se fixe ainsi dans ma mémoire, suite d'images défilant au ralenti sans qu'aucun son ne les accompagne.

Retour à la réalité. Nous atteignons le bureau annoncé. Une des sages-femmes présentes me propose un café. Encore troublée par la scène précédente, j'acquiesce en ajoutant que j'ai perdu l'habitude de cette ambiance aseptisée. L'anesthésiste entré un instant pour prendre un document me toise d'un regard méprisant.

Mes derniers souvenirs d'accouchements sont des naissances à domiciles, les avant-derniers s'étaient déroulés dans une maternité alternative qui savait proposer dans ces murs la presque même chaleur que celle de la maison.
Cette brève incursion dans un grand pôle obstétrical me le confirme, ce monde là m'est devenu étranger.

 

 

14 juin 2011

Lutter bis



Autre combat.  Les Lilas, maternité mythique, voient leurs conditions de travail se détériorer. Comme dans d’autres lieux phares, la qualité de l’accompagnement se dégrade sous l’influence conjointe de la tarification à l’acte, du surbooking et du médico légal… S’y ajoutent des locaux exigus contraignant à jongler sans arrêt avec le manque de place.
Il était donc prévu de reconstruire la maternité … et au passage d’en augmenter la capacité d’accueil ; lourd prix exigé pour sa survie.

Tout semblait en bonne voie puisqu'un terrain avait été trouvé, que la mairie soutenait le projet, que l'ARH* avait donné son accord.

Oui mais d’aucuns rêveraient peut-être de voir disparaitre ce lieu subversif militant de la première heure pour la légalisation de l'IVG, l’accès à la contraception, les droits des femmes et la naissance respectée.
L'ARS** a stoppé le projet et se propose de regrouper l'établissement avec une maternité de type 3… Fausse opportunité ; les Bluets en ont fait l’expérience et sont en grande difficulté

Soutenir les Lilas, c’est faire plus que souhaiter préserver un lieu et une équipe. C’est témoigner de son indignation devant la mise en pièce des établissements qui s'obstinent à vouloir pratiquer une obstétrique humaine, qui tentent d’entendre les désirs de ceux qu'ils accueillent, qui pensent la femme comme sujet et non objet de soin.

Soutenir les Lilas, c’est dénoncer une politique de santé qui s’éloigne des besoins des "soignés" pour industrialiser les prises en charge. C'est lutter contre la concentration et l'uniformisation des accouchements.
C'est se souvenir que des femmes et des hommes se sont battus il y a deux générations pour changer la naissance ... Et que tout ou presque est à recommencer.

Une pétition est à signer ici

* Agence régionale de l'hospitalisation, remplacée depuis avril 2010 par
**ARS Agence régionale de Santé



Le 18 juin, que ferez-vous ?

10 juin 2011

Lutter



La maternité du Chiva (centre hospitalier du val d'Ariège), fruit de la fusion de deux petits établissements, s'est ouverte en 2001. Une équipe solide cherche depuis 10 ans à travailler au plus près des besoins des parents en offrant une prise en charge diversifiée. Consultation prénatale, préparation à la naissance, ostéopathie, échographie, hospitalisation à domicile, rééducation périnéale, orthogénie, gynécologie, «des sages-femmes à tous les étages» ainsi que le dit l’une d’elle. Remarquables aussi l'accompagnement respectueux et la réelle liberté laissée aux femmes (baignoire, déambulation, posture …) lors de l’accouchement.

Preuve de leur succès, le nombre de naissances a augmenté de 25% en 9 ans (900 en 2001 - 1181 en 2010). Au final, cette performance n’arrange pas les affaires de l’équipe obligée de faire plus avec un personnel restant stable (les décrets de périnatalité prévoient un poste de sage-femme supplémentaire à partir de 1200 accouchements…)

Elles se sont émues de cette situation, soulignant à leur direction qu’elles ne pouvaient plus exercer en sécurité (perdre en sécurité semble hélas un argument plus efficace que perdre en humanité des soins). Leur récente "victoire" après plusieurs mois de combat sonne amèrement, aucun poste ne sera créé ! Ils seront redistribués pour concentrer l'effectif des sages-femmes en salle de naissance, en abandonnant l'échographie et en délaissant peu à peu leurs autres activités, consultation et rééducation postnatale puis préparation à la naissance puis ...
Intolérable mise en charpie d'une organisation innovante.

Renvoyer à la "ville" le maximum de soins et rentabiliser l'équipement hospitalier spécifique pourraient aussi être à l'origine de ce revirement de la direction du CHIVA. L'ouverture du plateau technique aux sages-femmes libérales semblait inconcevable hier , elle devient envisageable. 

Au CHIVA comme ailleurs, les pouvoirs publics souhaitent réserver l’hôpital aux actes techniques et externaliser les autres. Une opportunité pour développer l'accompagnement global de la naissance ? Pas de réjouissance hâtive !  Une fois les directeurs d’établissement appâtés par l’aspect financier de la démarche (augmenter le nombre d'actes sans majorer la masse salariale), il faudra convaincre assureurs et médecins - peut-être aussi certaines consœurs - de l’intérêt et de la sécurité de cette pratique.

Mais pourquoi l’un devrait-il exclure l’autre ? Plutôt que de démanteler l'hôpital, pourquoi ne pas inventer parallèllement à son ouverture aux libérales de nouvelles formes d'organisation offrant une prise en charge globale par les sages-femmes salariées ?
Les hôpitaux de Genève le proposent depuis peu (cf cet article  et cette vidéo).

La Suisse, paradis bancaire et... périnatal ? !




Bon, c’est pas tout ça mais une nouvelle journée de mobilisation parents /sages-femmes est prévue le 18 juin prochain…
Si des actions sont prévues dans votre région : faites le savoir ici aussi !
Si ce n'est pas encore organisé, il vous reste une semaine … une petite animation sur le marché, une matinée porte ouverte dans les cabinets,  un débat dans la maison de quartier ou le café activiste du coin ... toute initiative  sera bienvenue.
Et si rien n’est prévu ni prévisible, il revient à chacun, professionnels comme parents, d’inonder les médias locaux (plus accessibles) et nationaux (plus audibles) de témoignages  sur la profession et les conditions de la maternité !

Blog et mail vous sont ouverts pour que les infos circulent...

 

 

22 mai 2011

SMAR

 

Ce billet vient rattraper un oubli de taille : évoquer la SMAR, Semaine Mondiale de l'Accouchement Respecté... qui se termine aujourd'hui.

Une insomnie m'a offert la rediffusion nocturne d'un documentaire consacré aux Monty Python ; l'occasion de revoir de nombreux extraits de leur filmographie. Et plus particulièrement, "The Miracle of life", scène d'accouchement inaugurant "Le sens de la vie" (1983)

Une femme au ventre proéminent, allongée sur le dos, pieds dans les étriers, observée par de nombreux spectateurs - sans son conjoint invité à sortir car "il ne fait pas partie des personnes concernées" - relève la tête pour demander ce qu'elle doit faire...
Le médecin répond d'un ton sans appel "Nothing, you're not qualified" ! puis se retourne pour s'extasier sur sa machine qui fait "ping".

Bientôt 30 ans depuis la sortie de ce film et l'amère impression que cette parodie tenait de la prophétie.

Les maternités ont peu à peu été envahies par un matériel sophistiqué, de plus en plus coûteux, de plus en plus prégnant.
La grande majorité des naissances se passent sous péridurale (76% en 2008) et les femmes se retrouvent branchées de toutes parts. Le cathéter analgésique s'insinue entre les lombaires, les capteurs du monitoring ceinturent le ventre, un tensiomètre se gonflant à intervalles réguliers enserre un bras, tandis que l'autre est piqué d'une perfusion dispensant sérum sucré et hormones de synthèse. Parfois, la technique s'impose encore un peu plus en ponctuant le torse maternel de trois électrodes reliées à un scope, voire en pinçant un oxymètre de pouls à l'extrémité d'un doigt.

Autant de machine en mesure de faire "ping"avec plus ou moins de discrétion...
La sécurité est à ce prix nous dit-on.

Les sages-femmes étaient dans la rue il y a une semaine pour dénoncer (entre autres !) leur sous-effectif.

Soutenir une mère pour reculer ou éviter le recours à la péridurale, écouter régulièrement un enfant pour la libérer du monitoring, guetter d'une main légère la contraction suivante pour en évaluer l'intensité, être attentive à cet enfant, à cette femme qui à coup sur ne fera ni chute de tension ni arrêt cardiaque (!) sans signes annonciateurs nous alertant ! Préserver un espace intime qui lui permettra de sécréter ocytocine et endorphine en toute efficacité...

Beaucoup moins d'onéreuses machines qui font ping.
Beaucoup plus d'humanité.
Et une technicité qui ne serait convoquée que par nécessité médicale, alors salutaire et bienvenue.

Récemment, une jeune mère qualifiait son accouchement de catastrophique tout en en faisant un récit parfaitement lisse, examens, surveillance et actes s'enchainant pour une prise en charge "irréprochable" dès son arrivée à la maternité...
Mais pourquoi cette émotion qui perlait à chacun de ses mots ?
Finissant par exploser "On s'est très bien occupé de moi mais personne ne s'est/ne m'a demandé comment j'allais !"

L'événement fondateur de la naissance devenu simple transition mécanique entre un enfant dedans et un enfant dehors.
Piiiiing...

 

 

Publicité
Publicité
16 avril 2011

SF, mode d'emploi !

La longue discussion qui suit a eu lieu par mail avec Alexandra, lectrice de ce blog. L'idée de publier nos échanges nous est venue en imaginant que cela pourrait intéresser d'autres parents. 


Accompagnement de la grossesse
Quels types d'accompagnement existe-t-il vraiment ? On ne nous présente principalement que le suivi gynécologique, ce qui ne parait pas idéal finalement. Donc qu'en est-il ?
Lorsque la grossesse est "normale ", le suivi peut-être assuré par une sage-femme (libérale, PMI ou salariée en maternité), un médecin généraliste, un gynécologue de ville ou un obstétricien. C’est aux femmes de choisir le praticien qui leur conviendra le mieux.

Dans la mesure où une majorité de femme accouchent à l'hôpital (par choix ou faute d'alternatives), quelles sont les options car il faut un minimum un rendez-vous dans l'hôpital pour s'ouvrir un "droit" à accoucher ?
Il ne s’agit pas d’avoir un rendez-vous pour avoir le droit mais d’avoir un dossier dans la structure pour permettre à l’équipe qui t’accueillera le jour J de te connaitre. Les recommandations actuelles sont de faire les trois dernières consultations (7ème, 8ème et 9ème mois) dans la  maternité (avec une sage-femme ou un obstétricien). Dans les faits, ce ne sont souvent que les deux dernières consultations qui sont prévues en maternité.

Est ce obligatoire de se faire suivre à l'hôpital d'ailleurs ? On ne va quand même pas me mettre à la porte si je suis en travail et que j'arrive à la maternité ? Est ce simplement pour des questions administratives ?
Obligatoire non, très souhaitable oui. Pas facile pour la sage-femme d’accueillir quelqu’un dont elle ne sait rien … Premier ou quatrième bébé ? antécédents d’accouchements faciles ou pas ? groupe sanguin ? etc.. Du coup, tu  risquerais de te sentir bombardée de questions plutôt qu’accompagnée…

Peut-on se faire suivre uniquement par une sage femme de l'hôpital pour se garantir ce droit ?
Se faire suivre dès le départ au sein de la structure est un choix qui t'appartient et qui dépend aussi un peu de l'organisation de l'hôpital. La plupart du temps, seules les deux dernières consultations sont "exigées" sur place.

Accompagnement par une la sage Femme
Que peut prendre la sage femme en charge ? Peut elle encadrer complètement la grossesse ou y-a-t'il des rendez-vous obligatoires qui doivent être effectués ailleurs ?
La sage-femme est compétente pour le suivi d’une grossesse "normale". En cas d’anomalie, son rôle est de la dépister puis de passer le relai (partiel ou total selon les situations) au praticien compétent.
La plupart des grossesses se passant sans problème, on peut être tout le temps suivie par une sage-femme ; (pour ma part, j'assure les consutations jusqu’au 7ème mois de grossesse puis je passe le relai à une sage-femme de la maternité ).

Qu'est ce que l'accompagnement global ? J’en ai entendu parler mais je ne sais pas ce que ça veut dire vraiment, et aussi, est ce couteux ?
L’accompagnement global consiste à être suivie par la même sage-femme (éventuellement pas un nombre restreint de sages-femmes, 2 ou 3) dès le début de la grossesse, pendant l’accouchement puis les semaines voire les mois suivant la naissance (suites de couche, allaitement, consultation postnatale).
C’est actuellement possible soit en accouchant à domicile (mais faute d’assurance professionnelle et devant l’hostilité des réseaux de périnatalité, peu de sages-femmes ont cette pratique), soit en trouvant une des trop rares sages-femmes ayant un accès à un plateau technique (pouvant accompagner les parents lors de l’accouchement au sein d’une maternité).
Les maisons de naissance tant espérées devraient permettre – quand ???? - d’élargir cette possibilité à plus de sages-femmes et donc à plus de parents.

J'ai aussi lu quelque part que cela coutait cher ? Pourquoi (si c'est effectivement le cas) ? Ce n'est pas un accompagnement reconnu par la sécu ?
La sécurité sociale prend en charge les frais liés à cet accompagnement mais les tarifs des sages-femmes sont dérisoires.
Une consultation est payée 19 € (et même 17 € avant la déclaration de grossesse)
L’accouchement, quelqu’en soit la durée, est coté exactement 312.70 €
En cas d’accouchement à domicile, les visites de suivi pour la mère et le bébé pendant 6 jours sont incluses dans ce tarif ! En cas d’accouchement en plateau technique, la sage-femme a le droit de facturer en plus les visites de cette première semaine (46.21€ pour les 2 premières visites, 35.61€ ensuite)
Si tu déduis une moyenne de 50 % de charges, les sages-femmes sont les smicardes des professions de santé et travaillent à des tarifs horaires indécents pour les accouchements.
Par ailleurs, l’accompagnement global suppose une disponibilité totale puisqu'elles peuvent être appelées à tout instant pour une naissance.
Certaines travaillent malgré tout pour les tarifs conventionnés, leurs actes sont alors intégralement remboursés par la sécurité sociale.
D’autres demandent des dépassements d’honoraires non pris en charge. C’est un accord à trouver entre sage-femme et parents.

Je crois comprendre qu'à quelques exceptions près, les sages femmes ne peuvent pas nous faire accoucher à l'hôpital car on ne leur ouvre pas le "plateau" technique. Mais peuvent-elles être présentes tout de même ? Pendant le travail par exemple ?
Dans l’absolu, on peut être accompagnée par qui on veut lors de l’accouchement. Aucun texte n’interdit d’être accompagné par «sa» sage-femme.
Mais elle n’aura aucune possibilité d’intervenir dans la prise en charge et c’est une position finalement peu confortable pour tout le monde. Pour les parents qui se retrouvent avec deux "référentes", pour la sage-femme de la maternité qui peine à trouver sa place dans une relation déjà étroitement installée, pour la sage-femme accompagnante qui doit suivre ce qui se passe sans pouvoir intervenir.
Mieux vaut je crois prendre contact avec l’équipe en amont de l’accouchement pour faire entendre ses besoins. Le jour J, si c'est une volonté commune, la relation s’établit très rapidement entre parents et sage-femme.

Comment ça se passe concrètement quand on se fait accompagner par une sage femme lors de l'accouchement ? Est ce que malheureusement, elle ne peut nous suivre que lors de la grossesse mais arrivé l'accouchement, elle ne peut être présente ? Par exemple, peut-elle venir chez nous pendant le travail jusqu'à ce qu'on se rende à l'hôpital ?
Ca fait partie des choses envisageables… c’est fonction de la disponibilité de la sage-femme, des distances… juste une remarque : aucun tarif n’est prévu pour les sages-femmes dans ce cas là. Elle ne peut facturer qu’une consultation à 19 € (ou alors compter des honoraires non remboursés). La bonne volonté des sages-femmes trouve ici ses limites… Se rendre disponible, être amenée à annuler des rendez-vous au dernier moment, pouvoir être appelée à n’importe quel moment… pour 19 € dont ne resteront après déduction des charges que 8,50€ maximum ! (Pardon d’être aussi prosaïque…)

Et comment ça se passe si la sage femme n'est pas là/en vacances ou autre ? Quelqu’un peut- il prendre le relai ?
Les sages-femmes qui proposent un accompagnement global s’organisent autant que possible pour avoir un relai en cas d’impossibilité. (quand par exemple elles sont en train d’accompagner une naissance et sont appelées pour une autre).
Les périodes d’absences sont annoncées tôt et elles évitent d’accepter une grossesse dont le terme tomberait pendant leurs congés.

La sage femme, il me semble, peut assurer un suivi dans les premiers jours qui suivent l'accouchement si on retourne à la maison tôt (sinon, je ne sais pas si elle peut venir à l'hôpital), tu confirmes?
Les sages-femmes libérales peuvent assurer le suivi après la sortie de maternité et viennent à domicile en cas de sortie précoce. Elles pourraient éventuellement venir à l’hôpital mais on se retrouve toujours dans le même cas de figure, il y a d’autres sages-femmes présentes au sein de l’hôpital et quelle serait alors la place de la libérale ?

Faut-il avoir été suivi par une sage femme tout l'accouchement pour que ce soit possible ?
Ce n’est pas impératif. Mais il est vrai que les libérales préfèrent en général proposer un suivi continu et retrouver en postnatal les parents rencontrés avant l’accouchement. La relation s’est déjà installée et les retrouvailles sont d’autant plus simples et chaleureuses…

Accouchement
En fait, quelles sont les "formules" qui existent en France ? La question est vague, mais finalement, je ne sais même pas s'il y a beaucoup d'alternatives à l'accouchement à l'hôpital, et si on choisit autre chose, quelles sont les risques (pas spécialement d'un point de vue médical (bien qu'on nous bourre le crane sur les médecins savent tout blablabla) mais aussi du point de vue de la prise en charge secu etc) ? Les maisons de naissances n'existant pas en France, quel choix avons nous ? à part de trouver une maternité style "amie des bébés" ?
Si je récapitule rapidement,  on peut accoucher en maternité (publique ou privée), en plateau technique, à domicile.
Les deux dernières options permettent un accompagnement global avec un nombre très restreint d’intervenants. Mais ces situations sont réservées aux femmes dont la grossesse puis l’accouchement se présentent parfaitement normalement et qui ne souhaitent pas de péridurale.
Par ailleurs, les sages-femmes accompagnant les accouchements à domiciles sont rares, celles ayant un accès au plateau technique d’une maternité le sont tout autant.
Ces options ne pourront se développer qu’avec un soutien fort des parents démontrant que cette « prise en charge » est vivement souhaitée. Les maisons de naissance auront besoin du même soutien pour parvenir à vaincre tous les obstacles qui leurs sont opposés.
L’accouchement en maternité ne doit pas être envisagé comme un "pis aller". Le principal défaut des structures est souvent de travailler à  "flux tendu", avec des équipes souffrant de ne pas avoir la disponibilité qu’elles souhaiteraient. Il n’empêche que les professionnels exerçant au sein de ces maternités sont tout aussi attentifs et soucieux que les autres. Et que le dialogue qui s’instaure pendant la grossesse et/ou au début de l’accouchement est essentiel pour leur transmettre tes attentes et tes besoins.



 

11 avril 2011

Une femme/une sage-femme

Les sages-femmes réclament les moyens d'exercer le métier qu'elles ont choisi.

Parce que les maternités sont surbookées et les personnels débordés.
Parce que l'hypertechnicité vient remplacer l'humanité d'une présence.
Parce qu'il n'existe pas de lieux dédiés à l'accouchement physiologique.
Parce que l'accompagnement global souhaité par les parents peine à exister.
Parce que tout maintenant doit se gagner de haute lutte.

Parents et professionnels manifesteront ensemble le 12 mai à Paris

Et il fera beau !

Toutes les informations ici

Je compte sur chacun d'entre vous pour faire largement circuler cet appel. Sans les parents, 20000 sages-femmes ne pèsent rien. Avec eux, elles peuvent tout !

22 mars 2011

Teasing !

Le magazine de la santé consacre cette semaine son "Sept minutes pour une vie" à la maternité de l'hôpital Lariboisière. Le contexte est celui de la restructuration - lire la fermeture - de maternités, obligeant les établissements qui subsistent à des prouesses pour accueillir l'ensemble des femmes enceintes.

Lors du premier épisode, une sage-femme facétieuse piège ses collègues en tendant un fil à travers le passage ...
Plus sérieusement, la maternité est saturée. Faute de place, une femme arrivant pour accoucher se retrouve allongée sur un brancard dans le couloir. Un semblant d'intimité lui est procuré par un paravent de toile gentiment amené par la sage-femme. Le manque de lit ne saurait justifier l'absence du rituel monitoring ; l'enregistrement a donc lieu derrière le paravent. Les prises ponctuent irrégulièrement les murs et l'appareil doit être branché de l'autre coté du couloir.
D'où ce fil électrique élégamment enjambé par les membres de l'équipe vaquant à leurs occupations...

En fin de reportage, les sages-femmes se réjouissent de n'avoir à décompter aucun incident dans la nuit malgré leur manque de disponibilité.

Dans ces moments fondateurs de la parentalité, la présence attentive d'une sage-femme est un acte de prévention tant médical que psychologique et social.
La périnatalité française s'organise couteusement autour du postulat de la pathologie et de la haute technicité. Elle concentre les naissances, morcèle les prises en charges, malmène parents et professionnels.
Elle doit être repensée.

Réservez votre journée du 12 mai !
 
 
Complément d'info : L'explication du transfert des accouchements des Lilas vers Lariboisière est quasi surréaliste du fait de sa brièveté. "Johanna aurait du accoucher aux Lilas mais le monte-charge qui mène aux salles d'accouchement est en panne". En fait, c'est l'ascenseur qui permet le transfert d'une femme de la salle d'accouchement au bloc opératoire qui était en panne. Pour des raisons de sécurité, la maternité a du interrompre son activité. Elle reprenait normalement ce lundi.

5 mars 2011

Baby Boom - Préambule

Dois-je remercier TF1 qui s’apprête à m’offrir matière à d'acides chroniques au cas où je manquerais d’inspiration ?

La seule présentation me fait déjà frissonner.

Une quarantaine de caméras ... Irruption présentée ainsi dans l'extrait vidéo «des caméras se sont invitées au moment le plus intime et le plus magique de la vie d’un couple ». Choix judicieux que d’aller envahir ces instants d’intimité. Volonté louable d'offrir à chacun, nouveau-né compris, son quart d'heure de gloire wharolien...

- Nouveau divertissement - T’as raison coco, ces moments mêlant amour, peur, confiance, douleur, instinct, inconscient, vie et mort ne sont que purs moments de divertissements.

-"On bloque et on pousse bien en bas" - L'utilisation de ce pronom indéfini en lieu et place d'un nom ou mieux encore d'un prénom m'exaspère ! Comment n’exister que par cette apostrophe impersonnelle lors de ce moment fondateur ?

-"On y va, on s'accrocheJ’aime cette combativité invitée par les mots. Mais l'appel pourrait être plus fort. Laissez-moi chercher … "à l’assaut" ?

- Hurle la sage-femme - Ben oui, à l’assaut quoi, quasi une question de vie ou de mort … C’est bon pour l’audimat ça coco !

- Le papa s’évanouit submergé par l’émotion - Un trop plein d’angoisse nourri par les hurlements de la sage-femme... ?

Ceci ne dure que 28 secondes, montage haché de brèves séquences pour appâter le chaland. Mais ces extraits et la présentation qui en est faite laissent augurer du pire.
A suivre…

16 janvier 2011

Anti Mythe

Vendredi soir sur Arte, un film suivi d'un documentaire sur le thème de la dépression postnatale…

Après les avoir vus, un sentiment partagé…
Incontestablement, il était bienvenu d'aborder ce sujet. Oser montrer que ce n’est pas toujours le plus beau moment de la vie, qu'une femme ne devient pas forcément "la plus heureuse des mamans"... La façon dont l'histoire est traitée permet que l’on s’attache à cette jeune mère en détresse et éloigne ainsi le risque de jugement abrupt.

Le documentaire qui suit explique que toute femme peut être touchée, qu'il s'agit bien d'une pathologie et qu’il ne suffit pas de "se secouer" pour en sortir. Il souligne combien ces mères se retrouvent dans l’incompréhension totale de ce qu'elles traversent - état si éloigné du grand bonheur annoncé - et comment elles tentent de faire face jusqu’au craquage… C’est bien aux autres, familles, amis, soignants d’être attentifs et de savoir entendre la souffrance qu’il y a parfois derrière le sourire de façade, je suis un peu fatiguée mais ça va

Je regrette par contre que la "chute hormonale" soit la seule cause évoquée dans la fiction. Origine hormonale également reprise pendant le reportage bien que d'autres raisons psychosociales soient citées. La journaliste souhaite sans aucun doute insister sur les origines physiques de la maladie afin de déculpabiliser les femmes concernées. Mais cette explication mécaniste me semble critiquable, ne serait-ce que pour sa réciproque, l’imprégnation hormonale de la grossesse qui ferait de ces neuf mois une période de béatitude, autre légende infondée.

Le pourcentage annoncé (20%), est juste si l’on comptabilise toutes les formes de dépression, mineures ou majeures. Mais le documentaire n'envisage comme issue que la prescription d’antidépresseurs associée à une hospitalisation en unité mère enfant de plusieurs semaines... Est-ce à dire qu'une femme sur cinq devrait être hospitalisée après son accouchement ?

Michel Odent souligne ensuite qu’un accouchement mal vécu peut faire partie des facteurs déclenchant et c'est hélas une évidence. Il met en cause la médicalisation de la naissance et l'ocytocine de synthèse trop largement utilisée, bloquant la sécrétion d'ocytocine naturelle et privant ainsi les femmes de ses effets protecteurs. Il affirme qu’il n’y a pas - plus exactement qu’il n’a pas vu - de dépression post partum en cas d’accouchement à domicile.
Je m'interroge sur les mécanismes de prévention. C'est d'abord la continuité de l'accompagnement pre per et postnatal que permet l'accouchement à domicile qui me semble protectrice.

Car le documentaire a aussi le mérite d'aborder l'importance de l’accompagnement postnatal, soulignant que les sages-femmes allemandes suivent les familles plusieurs semaines après la naissance. Le commentaire précise que ce suivi n’existe pas en France. Soyons exact, il est possible mais n’est pas organisé. Les services de PMI et les sages-femmes libérales assurent cet accompagnement...s'il leur est demandé !

Mais ni les sages-femmes ni la PMI ne peuvent proposer un soutien dans la vie quotidienne. S'occuper des ainés, de la gestion de la maison, ne pas trouver d'autres bras disponibles lorsque le bébé pleure et que la mère s'épuise à le calmer... Dans le meilleur des cas, le père pourra assurer ce rôle mais le congé de paternité est bien court. Autrefois, ce quotidien était pris en charge par l'ensemble de la famille (des femmes de la famille, n'idéalisons pas !). Maintenant, chacun vit chez soi. Les couples y gagnent en indépendance mais perdent en échange repères et soutien... (les doulas sont évoquées mais pas précisément dans ce cadre d'intervention). Cet isolement, associé à l'exigence de perfection faite aux femmes est surement à prendre en compte dans l'augmentation des dépressions post partum.

Le reportage se termine sur les groupes de soutien. A défaut de rencontres dans le monde réel, le site de Maman Blues est une fenêtre virtuelle à ouvrir.

Je vous invite, si ce n'est déjà fait, à aller voir film et documentaire en ligne jusqu’à vendredi prochain.

 

 

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 > >>
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Publicité