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Dix lunes
contraception
16 décembre 2011

Tirs groupés

 

Les sages-femmes libérales sortent de l'ombre et cette exposition semble contrarier certains autres praticiens. Plutôt que de penser nos prises en charge comme complémentaires, quelques réactions évoquent fortement la bataille de territoire.

Ainsi, sur Impact-santé, la FMF s'exprime par la voix de son président, le Dr Hamon, qui qualifie le Prado "de scandale de la fin de l’année et évoque un risque sanitaire puisque seule une équipe de soins pluridisciplinaire est en mesure de repérer des situations à risques comme les déprimes post-partum"

Confier le suivi des accouchées et de leurs enfants aux sages-femmes est donc un risque sanitaire ? C'est bien embêtant puisque cela se passe ainsi depuis ... des lustres !
Par ailleurs, le Dr Hamon invente un nouveau concept, la "déprime" du postpartum. Nous connaissons le blues du post partum (ou babyblues), épisode bref, sans gravité et qui ne demande qu'un accompagnement empathique pour aider à le traverser, et la dépression du post partum, réelle pathologie à prendre en charge médicalement... mais qui se révèle à quelques semaines de l'accouchement. La sortie de maternité avancée ou retardée de quelques jours n'y change rien.
A l'inverse, le dépistage de ces situations passe par un accompagnement prolongé dans le temps, souvent assuré par... les sages-femmes ! Nous revoyons les mères pour leur allaitement, les questions liés aux soins du nouveau-né, la rééducation périnéale... elles évoquent avec nous leur fatigue et leurs difficultés... toutes occasions qui permettent de faire le point en amont ou en aval de la consultation postnatale, de se préoccuper d'un épisode dépressif et de mettre en route le réseau médical pour une prise en charge adaptée. Complémentaires vous dis-je.

Sur Egora, autre article sur les transferts de compétences qui évoque l'extension récente (20 octobre) de nos droits de prescription en listant "antibiotiques, contraceptifs, homéopathie, anti-inflammatoires non stéroïdiens, anti-sécrétoires gastrique". 

Faut-il rappeler aux rédacteurs que notre compétence en matière de contraception date de 2004 pour le postpartum et 2009 pour le suivi gynécologique.  C'est une compétence certes récente mais qui n'a pas été modifiée par cet arrêté sur les médicaments. Feindre de la découvrir permet à nouveau de s'en offusquer... et de quelque peu se ridiculiser.  "...Ceci dans le but notamment d’améliorer le suivi de la contraception des femmes et des jeunes filles. «On se demande quand les sages-femmes les rencontrent», ironise le Dr Michel Combier, le président de l’Unof . C'est vrai ça, quand est-ce qu'une sage-femme peut bien rencontrer les femmes et les jeunes filles ? Au quotidien, parce qu'elles s'adressent à nous.

Dans le même article "(les sages-femmes) « ont renoncé à la prescription de l’IVG médicamenteuse, ce qui signifie qu’elles ont conscience de leurs limites ».
A ma connaissance, nous n'avons renoncé à rien, le projet de loi présenté par la députée Bérangère Poletti a été écarté sous la pression des lobbies anti avortement. Cette proposition d'expérimentation ne concernait pourtant que les sages-femmes hospitalières et de fait, les sages-femmes exerçant dans les CIVG sont déjà impliquées dans cette prescription.

Leur accorder la possibilité de prescrire une contraception « ne serait pas sans risques, alors que le sujet « très sensible », justifie une prise en charge longue, surtout auprès des adolescentes".
La contraception est un sujet sensible, merci de le souligner ! Nous le savons, prenons le temps de débattre avec les femmes du moyen contraceptif qui leur sera le plus adapté et les revoyons aussi souvent, aussi longtemps que nécessaire. En obstétrique comme en gynécologie, nos compétences concernent les situations exemptes de pathologie et nous passons le relai quand ce n'est pas ou plus le cas. Nous ne prétendons pas faire mieux mais aussi bien que les médecins avec souvent la possibilité d'y consacrer plus de temps.

Enfin, dans le Quotidien du médecin "Les professionnels de santé ont découvert le PRADO ces derniers jours et ils s’offusquent de n’y avoir pas été associés. «À J +2, les femmes et les enfants sont fragiles et on les éjecte des maternités alors que le retour clas sique à domicile est de 4 à 5 jours », s’insurge le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF".
Il semble ignorer les contingences hospitalières. La tarification à l'activité impose aux établissements de faire "tourner" au maximum leurs lits. La durée de séjour se réduit depuis plusieurs années sans prise en charge à domicile. Officialiser un tel suivi est plutôt un progrès.

« Nous sommes pris pour des pions », s’insurge pour sa part le Dr Alice Touzaa, du Syndicat des gynécologues médicaux". Pourtant, le suivi postnatal immédiat ne concerne pas les gynécologues médicaux qui, à ma connaissance, ne se déplacent pas à domicile. Loin de moi l'idée de le leur reprocher. C'est encore une fois le constat de notre complémentarité, constat que le SGM a décidément ( voir ici et ici) du mal à accepter.

Je suis plus que lassée de ces incantations sécuritaires chaque fois qu'il est question des compétences des sages-femmes. Comment espérer parvenir à collaborer efficacement quand les uns se défient autant des autres ?

 

PS : contrairement à ce que ce billet pourrait laisser penser, ma position sur le Prado reste la même. J'affirme l'intérêt d'un suivi cohérent de l'ante au postnatal et déplore que l'accompagnement du retour à domicile ne soit pas encore (expérimentation à venir) lié à celui de la grossesse.


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30 septembre 2011

Soulagée

 

Elle s’inquiète : une petite anicroche dans sa contraception. Ce n’est vraiment pas le moment pour eux d’avoir un autre enfant.

Quinze jours à peine sont passés mais elle croit reconnaitre les premiers signaux de la grossesse. Fatigue, tension mammaire, elle se voit déjà enceinte et contrainte à un choix difficile.

D’où son appel inquiet. N’y aurait-il pas quelque chose à faire, là, dès maintenant ? En reprenant ensemble la situation, leur rapport non protégé a eu lieu en tout début de cycle. Son ressenti très précoce me semble plutôt découler d’un imaginaire galopant. De toute façon, il est trop tard pour une pilule du lendemain et trop tôt pour un résultat fiable de test.
Reste à patienter quelques jours dans l’attente d’un saignement rassurant. Je souligne encore que la probabilité d’une grossesse est très faible ( mais par principe, jamais inexistante…) et lui propose de passer au labo au moindre retard. Elle raccroche en me promettant de me tenir au courant.

Quelques jours plus tard, au cœur d’un estival après-midi dominical, mon portable bipe. Sur l’écran, quelques mots s’affichent : "rarement  été aussi soulagée d’avoir mes règles".
Happy end.

Et du chaud dans le cœur qu’elle ait pris le temps de m’envoyer ce discret SMS, devinant que je serai soulagée pour elle.

 

PS : Elle est plus une copine qu'une patiente car nous militons ensemble pour la naissance respectée. Je serai "peut-être" moins attendrie si je croulais sous les SMS m'annonçant la fin de cycle de chaque femme fréquentant notre cabinet...

 


 

Rappel : Sages-femmes maltraitées, naissance en danger

(lire par exemple ici)

Rendez-vous mardi 4 octobre à 11h devant la gare Montparnasse !!!

 


6 août 2011

Au tapis mais pas KO !


Round 1  - Eté 2009
La loi HPST valide la compétence des sages-femmes pour le suivi gynécologique de prévention et la prescription de la contraception.
L’article  L5134-1 titre III du code de la santé publique est ainsi rédigé : "Les sages-femmes sont habilitées à prescrire les contraceptifs locaux et les contraceptifs hormonaux. La surveillance et le suivi biologique sont assurés par le médecin traitant."
Cette dernière phrase est un ajout aberrant à coup sur téléguidé par certains syndicats médicaux soucieux de préserver leur hégémonie dans le domaine de la contraception.
Pénurie de praticiens oblige, il était politiquement difficile de s’opposer à l’extension de nos compétences. Les élus ont du s’incliner devant cette évidence : contraception et suivi gynécologique risquent de manquer de "bras" ; nous étions toutes désignées pour pallier le déficit annoncé.
Protectionnisme solidaire, la seconde partie de la phrase vient contredire la première.

Round 2  - automne 2009
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2010 tente de réparer l’anomalie. Un amendement supprimant l’obligation du suivi biologique par un médecin est voté.

Round 3 - hiver 2009
Le conseil constitutionnel censure cette disposition, estimant quelle n’a pas sa place dans le PLFSS car elle n‘aurait pas d’incidence sur les comptes de la sécurité sociale.

Round 4  - printemps 2010
Nous retrouvons par magie notre légitimé contraceptive dans un communiqué du conseil de l’ordre des médecins ... brève alliance imposée pour mieux fustiger pharmaciens et infirmiers !

Round 5  - mars 2011
Un débat peu glorieux pour certains de nos représentants a lieu sur les bancs du sénat. Si vous n’avez pas lu ce billet lors de sa parution, faites-le ! A l'approche de 2012, il est bon de s'informer...

Round 6 - mai 2011
Le Syngof publie un ignominieux communiqué (encore disponible sur le net en cherchant un peu ...)

Round 7 - 25 mai 2011
Le Syngof présente ses excuses et retire le communiqué de son site.

Round 8 - 1er juillet2011
L’amendement 17 bis déposé par Mme Poletti propose de remplacer "La surveillance et le suivi biologique sont assurés par le médecin traitant" par "En cas de situation pathologique, la sage-femme adresse la patiente au médecin traitant". Il est adopté.

Round 9 - 13 juillet 2011
La loi est définitivement votée. Deux ans à batailler mais l'aberration législative est enfin corrigée. Réjouissons-nous !

Round 10 -4 aout 2011
Le conseil constitutionnel considère "que ces dispositions ne présentent pas de lien avec les dispositions de la proposition de loi initiale ont été adoptées selon une procédure contraire à la Constitution". L'article 41 (et d'autres dont hélas l'expérimentation - pourtant très encadrée - de prescription de l'IVG médicamenteuse par les sages-femmes) est déclaré anticonstitutionnel.

Honteux combat au service d'intérets particuliers. Le onzième round verra, j'en suis certaine, notre victoire.
Amère victoire tant d'évidence les questions de santé publique et de droit des femmes n'y auront pas eu leur place.

 


NB 1 : le bilan pour contraception oestroprogestative se résume à trois données facilement interprétables par la femme elle même vu que les normes sont écrites à coté par le laboratoire ! Le plus important est d'éliminer les contre-indications liées à des antécédents médicaux particuliers. Si le bilan biologique peut attendre, cette recherche de contre indications doit être faite dès la première prescription.

NB 2 : Pour en savoir plus : Voir ces recommandations de la Haute Autorité en Santé

NB 3 : le Syngof ne désarme pas. Lors de son dernier CA, le Dr Aubeny (Association française pour la Contraception) a réitérer "son soutien à la loi HPST autorisant les sages-femmes à prescrire la contraception. En effet, les difficultés d’accès à la contraception auprès des médecins généralistes et des gynécologues pouvant contribuer à augmenter le nombre de grossesses non désirées, le principe d’une plus grande ouverture de la prescription, à des personnels dédiés à la santé des femmes et formés en ce sens, ne peut être qu’un atout pour la population féminine",  et présenté un diaporama du modèle québécois sur la prescription partagée

Réponse du Syngof : "La majorité des membres du CA pense que ce qui se fait au Québec n’est pas transposable en France".
Pas transposable ? Ah bon ! J'aimerais tant connaître les raisons de cette impossibilité...

 

26 mai 2011

"Nous aurions pu nous sentir blessées ! "

 

Comme signalé dès hier soir dans un commentaire (bravo pour cette réactivité !), le Syngof présente ses excuses aux sages-femmes et les pages en question (cf billets du 14 et du 23 mai) ont été supprimées.

Saluons cette volte face. Mais il est un peu facile d'avoir ainsi porté l'opprobre sur notre profession puis de s'en dédouaner en rédigeant quelques brèves et banales phrases de regret.

La technique est très courue ces derniers temps !
Etape 1 : lancer une belle grosse moche provocation (au hasard, RSA, immigration, échec scolaire, troussage de soubrette...)
Etape2 : attendre les réactions...  
Si elles sont modestes, voire inexistantes, en déduire que l'on peut taper plus fort...
Et passer à l'étape 3 : l'offensive majeure.

Le Syngof s'est fait piéger par l'apparente docilité des sages-femmes. Les réponses au premier communiqué ont été plutôt modérées. De multiples raisons peuvent l'expliquer ; le surbooking de l'ensemble de la profession, la trop faible proportion de sages-femmes investies dans les représentations syndicales et associatives, la volonté de consensus entre ces différentes représentations, la crainte de froisser une profession dans son ensemble (eux ne s’étaient pourtant pas gênés !)... Nos réactions sont restées assez discrètes. Par exemple, la réponse envoyée au Syngof par notre Conseil de l'Ordre, claire et sans concession, n'est pas publiée sur leur site.

Fort de notre supposée soumission, le Syngof a donc entamé l'étape suivante mais s’est montré si violent que nous ne pouvions rester indifférentes.
Cette nouvelle attaque concernait les actuels débats parlementaires sur la prescription du suivi biologique de la contraception par les sages-femmes.
Extraits :
Le SYNGOF y est totalement opposé et veut surtout alerter les femmes et les jeunes filles de la perte de chance que représente cette mesure, si elle était adoptée.
Cette économie attendue compensera-t-elle les indemnisations consécutives à cette gigantesque prise de risques par les femmes ?

Enfin, de toutes parts, les voix des sages-femmes se sont élevées ; menaces de procès, appels à envahir les boites mails des auteurs des communiqués, sollicitations des associations et des syndicats de sages-femmes à réagir fortement... Nous n'étions, au final, pas si dociles !
Les femmes, nos "patientes", se sont aussi fait entendre en soulignant combien elles pouvaient êtres satisfaites de nos soins... et le Syngof a reculé.

Jolie victoire à partager entres sages-femmes et usagers.
Amère victoire car rien n’est résolu sur le fond. Quelques mots d’excuses ne peuvent suffire à balayer le mépris.




23 mai 2011

Lettre à mes amis syngofiens

 

Mes très chers amis du Syngof, j'avais envie d'évoquer ici votre dernier communiqué, nouvelle démonstration de l'harmonie présidant au partenariat entre gynécologues et sages-femmes.

Je me réjouis avec vous de cette autre possibilité donnée aux femmes de consulter avec facilité. Elles n'ont plus à attendre de longues semaines un rendez-vous avec un médecin au planning saturé par des pathologies que lui seul peut gérer.

Je suis comme vous heureuse qu’elles soient reçues par des professionnels disponibles qui peuvent prendre  le temps d’examiner avec elles la méthode de contraception non seulement la plus adaptée à leur santé mais aussi à leur mode de vie, à leurs habitudes et préférences.

Je suis rassurée comme vous l’êtes par la qualité de la formation des jeunes diplômés, par la volonté d’actualisation des connaissances des plus anciens (les DU de gynécologie et d’orthogénie sont pris d’assaut).

Je me félicite de votre réflexion sur la meilleure façon d’articuler nos deux professions, nos compétences respectives, afin que chaque femme en demande de contraception, en attente de grossesse, enceinte, ou en post partum soit accompagnée par l’interlocuteur le plus adéquat.

Cette collaboration se révèlera fructueuse, n’en doutons pas.

Mais, très chers amis du Syngof, je vous en prie, soyez attentifs à la formulation de vos idées.
L'on finirait sinon par croire que votre unique souci est la défense de votre pré carré.


Ce billet est le énième traitant de ce thème. Une petite sélection ci-dessous
14/11/09

27/12/09
08/06/10
25/08/10

 

 

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28 avril 2011

Im-Pass

Depuis quelques jours, les médias annoncent l’arrivée du «Pass contraception» dans les lycées d'Ile de France.
Rendre la contraception accessible à tous les jeunes sans avoir à passer par la carte vitale parentale et les relevés de sécu familiaux apparaît une excellente idée ; pas aux yeux de la PEEP cependant dont la vice présidente intervenait mardi dans le journal de 13h de France 2 et s’offusquait que l’on contourne ainsi l'autorité parentale…

Morceaux choisis…

On disqualifie les parents d’un rôle important, celui d’assurer la santé de leurs enfants
La pilule n’est pas un médicament anodin. Moins anodin que de subir une IVG ?

Elle doit se prendre avec un grand nombre de précautions et je ne suis pas certaine que les jeunes adolescentes de 15 ou 16 ans lorsqu’elles vont rencontrer leur gynécologue aient toute la capacité, la connaissance pour répondre à l’interrogatoire familial qui sera nécessairement fait puisqu'on sait que la pilule génère -Allons y pour un petit couplet anxiogène ! Les méfaits annoncés de la contraception, comme un retour aux années 60 - dans certains cas des thromboses graves, des embolies, des AVC, voire des phlébites et para phlébites. La phlébite pire qu’un AVC ? Il faudra nous expliquer cette curieuse gradation !

Question de la journaliste : Qu’est ce qui vous choque, que l’on préserve l’anonymat des élèves vis-à-vis de leurs parents ?
On devrait d’abord inciter les jeunes à avoir un vrai dialogue avec leurs parents. Les parents doivent être associés à la démarche. Lorsqu’une jeune fille prend la pilule elle doit la prendre régulièrement. Ca doit être accompagné - Est ce à la famille de se préoccuper de la prise quotidienne ?

Elle doit quand même avoir un point d’appui et une écoute. Qui peuvent lui être donnés par une autre personne que ses parents. C’est à la jeune fille de choisir vers qui se tourner, sur qui s’appuyer.

La journaliste : Le nombre d’IVG de mineures ne baisse plus depuis des années. Il y en a 13 000 par an, c’est énorme!
Ce sont des chiffres de 2006 qui n’ont pas été remis au goût du jour (sic). Les mineures représentaient 5 % des femmes ayant eu une IVG en 2001 et 6 % en 2005, 2006 et 2007 (voir ici ). I. Nizand évoque 15 000 jeunes filles concernées l’année dernière.

On a dans tous les établissements scolaires des séances d’éducation sexuelle qu'on a beaucoup orientées vers la préservation des maladies sexuellement transmissibles et c’est peut-être une erreur parce que le préservatif ne fait pas tout. Les préservatifs ne sont pas fiables à 100 %. Raccourci dangereux qui pourrait laisser penser que les préservatifs ne protègent pas des MST...

On est en 2011 et la contraception reste une affaire de femme. En même temps, ce sont les femmes qui se retrouvent enceintes ; mieux vaut compter sur leur propre vigilance !

On doit responsabiliser les garçons à connaitre le corps d’une femme (re-sic), qu’est ce qu’un cycle, comment ça se passe. Et revenir au vieil Ogino en leur proposant de compter les jours "dangereux" ?

La contraception n’est pas un médicament anodin.

On l’aura compris, au sein d'un discours prétextant se préoccuper de la santé des "jeunes filles" et appeler les "jeunes hommes à se montrer respectueux" s’inscrivent en filigrane l’inanité d’une sexualité adolescente et la volonté de la contraindre à l’inexistence. Que le nombre d’IVG bondisse n’est qu’un épiphénomène ; la bonne éducation de nos filles est à ce prix !


Autre raison de mon ire : Le martelage médiatique de ce pass-contraception omet curieusement un mot, celui de sage-femme.
Les journalistes ont systématiquement court-circuité notre profession dans leurs papiers. La plupart n’ont exposé que la gratuité d'une consultation chez un gynécologue, certains se sont aventurés à un plus rassembleur "médecin", plus rarement encore le planning familial a été cité mais jamais je n'ai entendu évoquer la possibilité de consulter une sage-femme (option nommément proposée par le pass).

Ainsi, les jeunes rebelles à la consultation gynécologique, parfois intimidées par leur trop connu médecin de famille, éventuellement éloignées d’un centre de planification, ne sauront pas qu'elles peuvent aussi se tourner vers un autre professionnel, la sage-femme.
Je n’imagine aucunement voir des hordes adolescentes se ruer vers nos cabinets… mais le rôle de l’information n’est-il pas d’informer ?

Notre transparence médiatique est décidément aussi flagrante qu’irritante.


Edit du soir : voir ici pour avoir une idée plus précise de ce pass


14 mars 2011

Politiquement incorrect !

Au lendemain de la journée de la femme, un débat éclairant a eu lieu sur les bancs du Sénat.
L'aberration législative mentionnée dans mon précédent billet se doit d’être corrigée et un nouvel amendement avait été déposé en ce sens,  examiné le 9 mars dernier.

Petit florilège ...

M. Xavier Bertrand, ministre. Je veux être sûr que votre rédaction ne confère pas une compétence exclusive aux sages-femmes, et qu’elle n’instaure donc pas une interdiction de fait pour les médecins.
Ne pas se couper de son électorat, ne pas se couper de …

M. Alain Milon, (médecin UMP) La prise d’hormones peut entraîner des perturbations, ne serait-ce qu’au niveau sanguin. C’est pourquoi, afin de révéler d’éventuels désordres, les textes prévoient qu’une prise de sang doit être faite au moins une fois par an.
Faux ! Les recommandations de la Haute Autorité en Santé prévoient deux bilans à 6 mois d’intervalle lors de la première prescription puis un tous les cinq ans. Comme quoi on peut être médecin et ne pas connaitre les recommandations de la HAS...

Mme Raymonde Le Texier. (PS) répond à juste titre : La sage-femme peut prescrire la prise de sang 

M. Alain Milon s'enferre. Moi, je veux bien, mais elle devra aussi vérifier le cholestérol, la glycémie… 
Il me semblait même que là était le but de cette prise de sang !

Et dans ces conditions, pourquoi ne pas confier le soin de réaliser l’analyse à une personne autre qu’un biologiste ?
??? Il ne s’agit pas de confier une nouvelle compétence aux sages-femmes qui prescrivent et interprètent au quotidien des bilans biologiques mais de leur donner la possibilité de le faire dans un autre cadre que celui de la périnatalité.

Il faut savoir poser des limites.
Affirmation révélatrice. Il faut poser des limites à ces sages-femmes qui ont l’outrecuidance de venir empiéter sur le territoire des médecins !

Mme Muguette Dini. (Union Centriste)  Ce que je veux, c’est rendre service, éviter  les grossesses de très jeunes filles qui se terminent par des catastrophes. Il me paraît préférable de faciliter l’accès à la contraception, ce qui n’exclut pas la nécessité de se montrer d’une extrême vigilance en matière de surveillance.

Mme Nathalie Goulet. (Union Centriste) intervient de la même manière
En premier lieu, il est bien clair que les sages-femmes ne vont pas empiéter sur le travail des médecins, qu’elles leur enverront leurs patientes en cas de problème. Je considère que nous pouvons faire confiance à cette profession, indispensable dans notre paysage médical.
En second lieu, j’attire l’attention du Sénat sur la kyrielle d’articles qui ont été publiés hier, Journée de la femme, faisant notamment état de l’augmentation de 22 % du nombre des IVG chez les mineures.

M. Gilbert Barbier. (Chirurgien RDSE) M. Le rapporteur a souligné un problème très important : si les sages-femmes ont été formées pour assurer le suivi d’une grossesse, la prescription d’une pilule contraceptive constitue un acte médical majeur.
Que toutes celles qui ont reçues une ordonnance de pilule sans avoir été interrogées sur leurs antécédents, leurs éventuels problèmes de santé, leur souhait en matière de contraception lèvent le doigt.

Nous le savons aujourd’hui, chez une femme sous pilule, il faut surveiller attentivement l’apparition de certains troubles thyroïdiens. Si la sage-femme revoit sa patiente en consultation, peut-être lui prescrira-t-elle des examens de ce type, mais je ne suis pas persuadé que la sécurité sociale acceptera de les rembourser.
Voila maintenant que l'on convoque le porte monnaie  ! Evidente mauvaise foi qui met en avant un imaginaire problème de remboursement. La sage-femme peut prescrire tous les "examens nécessaires à l'exercice de sa profession", examens très normalement pris en charge par la sécurité sociale.

Aussi, je ne comprends pas que M. le ministre soutienne une telle disposition. En effet, elle va à l’encontre de la santé publique.
 Favoriser l’accès à la contraception serait donc une menace pour la santé publique !

Je ne suis pas convaincu qu’autoriser les sages-femmes à prescrire des contraceptifs permettrait une diminution du nombre des IVG.
Ah bon ?

D’autant plus que  cette prescription pourrait s’adresser à des mineures. Vous souhaitez qu’une sage-femme puisse prescrire la pilule à des jeunes filles mineures sans avoir recours à l’avis du médecin.
Où est le problème ?

Ces propos sont désarmants.
C’est la stupidité de cette intervention qui est désarmante

Je ne peux que m’opposer à cette disposition. 
Solidarité  médicale et toute puissance masculine obligent...

Mme Catherine Deroche. (UMP médecin) Je considère que l’on mélange les genres en sortant les sages-femmes de leur rôle, qui tourne autour de la grossesse et de l’accouchement, pour leur permettre de faire une prescription qui est médicale.
Notre compétence est plus large et inscrite dans le code de la santé publique. Nul n'est censé ignorer la loi, encore moins celui qui la crée... non ?


M. André Trillard. (Vétérinaire UMP) La contraception n’est ni un acte banal ni un acte sécurisé. Il suffit pour s’en convaincre de considérer les difficultés parfois épiques que doivent surmonter les jeunes femmes âgées de 25 à 35 ans pour avoir des enfants après avoir suivi une contraception orale.
Encore un tout petit effort et il va nous annoncer que la contraception rend stérile...
Et infidèle aussi pendant qu'on y est ? *
 
La prescription de certaines substances larga manu par des professionnels qui ne sont pas au cœur de la problématique présente un risque.
On peut parler du médiator ?

Je respecte les sages-femmes, qui jouent un rôle très important, mais, force est de le constater, quelques-unes d’entre elles n’ont pas le niveau requis pour déceler les problèmes qui peuvent survenir du fait de la prise d’un contraceptif.
L'incompétence de certains, qu'ils soient médecins ou sages-femmes, ne peut être appelée pour discréditer une profession dans son ensemble.Votre "respect" ne m'honore pas...

 

Faut-il s'en étonner... cet amendement n’a pas été voté, à quelques voix près (145 pour, 154 contre)

Ma fibre féministe me fait souligner que l’ensemble des sénateurs ayant soutenu cet article sont des sénatrices.

Ma fibre militante me fait souligner que la seulefemme qui s’est prononcé contre l'extension de la prescription aux sages-femmes est médecin.

 


Vous trouverez l’ensemble des débats ici et les résultats détaillées du vote .

*Jean Coumaros : "Les hommes perdront alors la fière conscience de leur virilité féconde, et les femmes ne seront plus qu'un objet de volupté stérile". (débats lois Neuwirth; juillet 1967)

 

11 mars 2011

Tronquée

Tronquée cette information sur la possibilité d’un suivi gynécologique par les sages-femmes.
"A noter toutefois qu’il convient de passer par la « case médecin » pour se faire prescrire un éventuel bilan biologique. Que ce soit avant la première contraception, à l’occasion d’un renouvellement ou d’un changement de contraceptif".

Soyons précis ! Le titre III de l’article L5134-1 du code de la santé publique précise : Les sages-femmes sont habilitées à prescrire les contraceptifs locaux et les contraceptifs hormonaux. La surveillance et le suivi biologique sont assurés par le médecin traitant.

A cette lecture, je comprends :
-  que nous pouvons prescrire (et bien évidemment interpréter !) le premier bilan, celui qui accompagne la première délivrance d'une contraception.
(Précision utile : selon la Haute Autorité en Santé et en l’absence d’antécédents médicaux particuliers, ce bilan peut être différé de 3 à 6 mois, ainsi que l’examen gynécologique. En clair, une jeune fille peut repartir avec son ordonnance de pilule sans passer immédiatement par les cases labo et toucher vaginal).

-   que nous pouvons prescrire le bilan biologique suivant, à contrôler tous les cinq ans. Mais que le lobby médical souhaite nous considérer inaptes à interpréter le dit bilan.

- qu’il n’empêche, la consultation de suivi annuel permettant de renouveler une pilule, de réaliser un examen général et un frottis (tous les deux à trois ans) peut sans problème être effectuée par les sages-femmes.

CQFD.


Edit du 12/03: Voir aussi ce communiqué du conseil de l'Ordre des sages-femmes

 

Ce billet est périmé !! L’article 44 de la LOI n° 2011-2012 du 29 décembre 2011 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé a donné aux sages-femmes la possibilité d’assurer le suivi biologique de la contraception hormonale. 

 

6 février 2011

Slogan

Elle a 20 ans, bardée de tatouages et piercings, l’œil charbonneux, le cheveu de jais, plantureuse, provocante, joyeuse, pas dupe… Elle avoue avec légèreté ne pas parvenir à prendre régulièrement sa pilule et rit en affirmant que non vraiment, ce rite quotidien, ce n’est pas pour elle. Consciente de son inconscience, elle a souhaité un stérilet. Demande refusée, "pas avant une première grossesse".
Elle a subi deux IVG.

Elle a 45 ans, de grands adolescents, une vie personnelle et professionnelle bien remplie, des projets plein la tête et ne veut plus d’enfant. Son gynécologue lui affirme que, du fait de son âge et de ses nombreux fibromes, elle peut cesser toute contraception.
Elle attend des jumeaux.

Elle à 17 ans, un regard timide, des joues roses et rondes qui laissent penser qu’elle n’est pas encore tout à fait sortie de l’enfance. Elle aurait fait une forte réaction allergique à la pilule, situation confuse que personne ne parvient à éclaircir. Dans le doute, la contraception orale lui est toutefois interdite. Le seul conseil qui lui est donné est de recourir aux préservatifs.
Elle est dans son sixième mois de grossesse.

Elle a 30 ans, est sous pilule depuis 15 ans et a l’envie de passer à autre chose. Son petit a presque deux mois et elle demande à se faire poser un stérilet. Refus du médecin qui souhaite attendre son retour de couche.
Ses deux enfants auront 11 mois d’écart.

Le même mois, j'ai croisé le chemin de ces quatre femmes.
Je sais l’ambivalence du désir de grossesse. Peut-être ces situations ne sont-elles pas tout à fait aussi simples, aussi limpides que ce qu'elles en exposent.
Il n’empêche, chacune s'est préoccupé de sa contraception. Aucune n'a été entendue.

La meilleure contraception est celle que l’on choisit….

27 décembre 2010

Contraceptif

TGV bondé des retours de week-end… pas d’échappatoire, les wagons sont pleins.

Un petit enfant surement très fatigué envahit l'espace de ses cris. Ses parents cherchent à l’apaiser, le bercent, le cajolent, tentent de faire diversion. Rien n’y fait.
Le père se lève alors et emmène le petit plus loin, dans le sas séparant deux rames. Même de là, les pleurs emplissent le wagon

Ils cessent par intermittence, nous laissant espérer l'apaisement puis reprennent de plus belle. Le petit bonhomme s'époumone avec enthousiasme.
Les minutes s‘écoulent, les hurlements font vibrer l’air…

C’est alors que j’entends une voix masculine s’élever derrière moi, assez fort pour être audible dans le vacarme du moment.
Il s'adresse à sa compagne assise à ses cotés :
« C’est là que je me dis, faut pas qu' t'oublies ta pilule »

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