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Dix lunes
sage-femme
1 août 2011

Patiente

 

C’est une habituée de la maternité. Elle y a mis au monde ses deux premiers enfants, avec la même sage-femme.
Cet heureux hasard semble vouloir se renouveler. Arrivée dans l'après-midi en tout début de travail - elle habite maintenant assez loin mais rien n’aurait pu la décourager de revenir accoucher là -  elle est à nouveau accueillie par Françoise.
Cette coïncidence semble la désigner comme la sage-femme de la famille, celle présidant quasi rituellement à l’élargissement du foyer.

Moi, je ne suis que la petite nouvelle, récemment arrivée dans cette équipe ancienne et soudée pour renforcer l’effectif… Mon diplôme tout neuf m’oblige à faire mes preuves et je double Françoise sur sa garde pour me familiariser un peu plus avec les habitudes du service.
Double invisible pour cette jeune femme, toute à sa joie de retrouver encore une fois « sa » sage-femme.…

Mais Françoise termine bientôt sa garde et le bébé, nous le savons, ne sera pas encore né. Nous annonçons à la mère que je serai seule sage-femme dans le service cette nuit. Françoise précise qu’elle reprend son poste à 7h30 le lendemain et lui promet de venir saluer le nouveau-né dès son arrivée.

Je suis maintenant la sage-femme de garde, un peu moins invisible mais toujours pas investie. La dilatation évolue doucement, tout doucement, très doucement… Les heures passent et les contractions s'espacent. Elle les tolère extrêmement bien, parvient à somnoler, voire à dormir, ne me demande que peu de présence et pas vraiment de soutien.

De temps à autre, j’entrouvre doucement la porte. Elle est allongée en chien de fusil sur le lit le plus éloigné, coté fenêtre ; son homme squatte le second lit de la chambre double où je les ai installés. A la lueur de la lampe de chevet, j’observe son visage. Si elle ouvre les yeux, j’entre pour prendre de ses nouvelles. Nous chuchotons dans la pénombre. J’écoute le cœur de son bébé qui galope tranquillement… Parfois, je l’examine pour évaluer l’avancée du travail.  Sa dilatation est d’une lenteur majestueuse, un centimètre gagné toutes les deux à trois heures…

J’évoque ici un autre temps, où l’on pouvait sans problème s’autoriser à laisser un travail avancer lentement si mère et enfant le toléraient bien…

Vers six heures du matin, elle est à huit centimètre et, pensant la naissance prochaine, je leur propose de s’installer en salle d’accouchement.

Le temps s’écoule encore sans que rien ne se passe sinon quelques contractions qu’elle accompagne d’un souffle toujours aussi paisible. Juste avant la relève, je fais un dernier point. Elle est à huit centimètre … et demi !

Peu après Françoise vient prendre son service. A peine arrivée, elle me demande comment s’est passé la naissance. Ses yeux s’écarquillent quand j’annonce que le bébé n’est toujours pas né. J’ajoute que je pense maintenant indispensable de booster cet utérus, à coup sur trop paresseux, avec de l’ocytocine.

Avant toute perfusion, Françoise souhaite revoir la maman. Elle entre dans la salle à sept heure trente.
L’enfant naît, sans aucune intervention, à peine dix minutes plus tard. L'arrivée de Françoise a "curieusement" coïncidé avec l'apparition de l'envie de pousser.

Toute la nuit, elle n’avait fait qu’attendre tranquillement, patiemment, que SA sage-femme revienne.

 

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3 juin 2011

Coopérer

 

Au départ en retraite de sa gynécologue de ville, elle s'est tournée vers un obstétricien exerçant en clinique privée pour son suivi annuel. Lorsque sa nouvelle grossesse s'annonce, c'est très logiquement à ce praticien qu'elle s'adresse. Il assure les premières consultations. Mais lorsqu'elle lui expose son souhait de retourner accoucher à l'hôpital qui a vu naître ses deux premiers enfants, il lui demande de poursuivre son suivi ailleurs. Il s'en explique ainsi, il préfère réserver son temps aux patientes qui accoucheront avec lui en secteur privé.
L'échange est courtois. Elle comprend sa position, il se montre respectueux de ses choix.
Il l’informe que bien évidemment, une copie de son dossier sera adressée au médecin qui prendra le relais dès qu’elle lui en aura communiqué le nom.

Ce ne sera pas un médecin. Plutôt que de rencontrer un nouveau praticien, elle préfère retrouver la sage-femme rencontrée en préparation lors de ses premières grossesses.

Lorsqu'elle appelle pour prendre rendez-vous, je lui demande de ne pas oublier les divers documents, résultats de laboratoire, échographies, frottis ... qui me permettront de créer son dossier.
Elle me rassure. Elle n'attendait que mon accord pour transmettre mes coordonnées au secrétariat, je vais recevoir sans tarder le compte-rendu de son suivi.
Agréable nouvelle. Un peu de temps gagné, quelques questions à ne pas répéter, la garantie de disposer du résultat des bilans antérieurs, d'avoir un résumé des consultations précédentes... En un mot, un passage de relais de qualité.

Le jour du rendez-vous, en voyant son nom sur l’agenda, je m’avise de n'avoir toujours rien reçu. Je note de rappeler le secrétariat pour réclamer cette fameuse copie mais ce sera déjà trop tard pour cette première consultation.

Elle arrive, s'installe et extirpe de son sac une épaisse chemise cartonnée. Ce ne sont pas les transmissions attendues mais l'ensemble des résultats de laboratoire et compte rendus d’échographie accumulés depuis sa première grossesse…

Je m'étonne alors de ne pas avoir reçu la copie promise.

Elle a bien communiqué mes coordonnées. Mais quand le spécialiste a appris que ce serait une - simple ! - sage-femme qui prendrait sa suite, il n’a plus jugé utile de transmettre quoi que ce soit. Au contraire, il  a péremptoirement affirmé que toute copie de son dossier était superflue puisqu'elle disposait déjà du double de ses prises de sang envoyé par le laboratoire…

 

22 mai 2011

SMAR

 

Ce billet vient rattraper un oubli de taille : évoquer la SMAR, Semaine Mondiale de l'Accouchement Respecté... qui se termine aujourd'hui.

Une insomnie m'a offert la rediffusion nocturne d'un documentaire consacré aux Monty Python ; l'occasion de revoir de nombreux extraits de leur filmographie. Et plus particulièrement, "The Miracle of life", scène d'accouchement inaugurant "Le sens de la vie" (1983)

Une femme au ventre proéminent, allongée sur le dos, pieds dans les étriers, observée par de nombreux spectateurs - sans son conjoint invité à sortir car "il ne fait pas partie des personnes concernées" - relève la tête pour demander ce qu'elle doit faire...
Le médecin répond d'un ton sans appel "Nothing, you're not qualified" ! puis se retourne pour s'extasier sur sa machine qui fait "ping".

Bientôt 30 ans depuis la sortie de ce film et l'amère impression que cette parodie tenait de la prophétie.

Les maternités ont peu à peu été envahies par un matériel sophistiqué, de plus en plus coûteux, de plus en plus prégnant.
La grande majorité des naissances se passent sous péridurale (76% en 2008) et les femmes se retrouvent branchées de toutes parts. Le cathéter analgésique s'insinue entre les lombaires, les capteurs du monitoring ceinturent le ventre, un tensiomètre se gonflant à intervalles réguliers enserre un bras, tandis que l'autre est piqué d'une perfusion dispensant sérum sucré et hormones de synthèse. Parfois, la technique s'impose encore un peu plus en ponctuant le torse maternel de trois électrodes reliées à un scope, voire en pinçant un oxymètre de pouls à l'extrémité d'un doigt.

Autant de machine en mesure de faire "ping"avec plus ou moins de discrétion...
La sécurité est à ce prix nous dit-on.

Les sages-femmes étaient dans la rue il y a une semaine pour dénoncer (entre autres !) leur sous-effectif.

Soutenir une mère pour reculer ou éviter le recours à la péridurale, écouter régulièrement un enfant pour la libérer du monitoring, guetter d'une main légère la contraction suivante pour en évaluer l'intensité, être attentive à cet enfant, à cette femme qui à coup sur ne fera ni chute de tension ni arrêt cardiaque (!) sans signes annonciateurs nous alertant ! Préserver un espace intime qui lui permettra de sécréter ocytocine et endorphine en toute efficacité...

Beaucoup moins d'onéreuses machines qui font ping.
Beaucoup plus d'humanité.
Et une technicité qui ne serait convoquée que par nécessité médicale, alors salutaire et bienvenue.

Récemment, une jeune mère qualifiait son accouchement de catastrophique tout en en faisant un récit parfaitement lisse, examens, surveillance et actes s'enchainant pour une prise en charge "irréprochable" dès son arrivée à la maternité...
Mais pourquoi cette émotion qui perlait à chacun de ses mots ?
Finissant par exploser "On s'est très bien occupé de moi mais personne ne s'est/ne m'a demandé comment j'allais !"

L'événement fondateur de la naissance devenu simple transition mécanique entre un enfant dedans et un enfant dehors.
Piiiiing...

 

 

9 mai 2011

Jugée

Sa voix tremble en racontant.
Quelques années plus tôt, un accouchement, banal.
Dilatation plus que rapide, descente éclair d’un bébé dont le rythme cardiaque traduit la difficulté à s’ajuster à ce tempo… Pas le temps cependant de s’inquiéter puisque l’enfant surgit si hâtivement qu’elle l'accueille avant d'avoir pu enfiler ses gants.
Cette arrivée précipitée conduit le nouveau-né en service de néonatalogie pour "difficultés d’adaptation à la vie extra utérine". Episode de courte durée mais bien évidemment douloureux pour les parents venant rendre visite à leur petit placé en couveuse, perfusé, bardé de capteurs reliés à divers appareils dont chaque bip vient aviver leur stress.
L'enfant quitte le service quelques jours plus tard sans inquiétude aucune sur son état de santé.

Sans inquiétude sauf celle de ses parents, mal apaisée par une équipe médicale quelque peu elliptique, « ne vous inquiétez -pas, tout va bien » et majorée par leur jugement hâtif sur la sage-femme. En effet, aux yeux de ce couple plutôt austère, décontraction de la coiffure et - discret - percing au sourcil ne peuvent que s'associer à un manque de rigueur professionnelle voire à une réelle incompétence.

Ils portent plainte.
Le dossier est analysé à la loupe, que dis-je au microscope. Sur cet accouchement extrêmement rapide, peu de notes évidemment. Mais tout devient sujet à caution.
La dilatation a fait un bon de 4 cm en un quart d’heure. Impossible ! affirme un expert qui s'indigne également de l’absence de forceps alors que l’enfant est sorti en une seule poussée.
La sage-femme a noté un élément de son examen suivi d’un point d’interrogation sur le dossier. Il lui est opposé que les professionnels n’ont pas le droit de s’interroger, qu’ils ne peuvent qu’affirmer.

Les conclusions de la justice sont léonines : tout va bien mais on ne sait jamais. L’enfant sera suivi afin de s’assurer qu’aucune anomalie de développement ne surviendra dans les années à venir. Le tribunal, en se voulant prudent (!), a choisi la meilleure façon d'entretenir l'angoisse parentale.

Pour la sage-femme aussi, ces conclusions sont une bombe à retardement. Elle n’a depuis aucune nouvelle de cette famille mais elle imagine que la moindre défaillance scolaire, la plus petite anomalie du comportement de ce bambin pourraient lui être un jour reprochées. 

Comment ensuite assurer son travail sereinement ? Comment ne pas moins se préoccuper d'accompagner et soutenir une femme que de remplir minutieusement le dossier la concernant ?  Comment ne pas multiplier examens et vérifications afin d'espérer exclure le doute ? Comment ne pas se conformer strictement aux protocoles, en oubliant ainsi la singularité de chaque être humain, pour imaginer se protéger de tout reproche ?

Comment ne pas travailler pour la justice plutôt que pour les parents…

 


J-3  : Rendez-vous devant la maternité de Port-Royal jeudi à 11h pour défendre la naissance respectée : " Une femme/une sage-femme".

Faites circuler l'appel. Sages-femmes et parents, nous nous devons d'être nombreux !

 


28 avril 2011

Im-Pass

Depuis quelques jours, les médias annoncent l’arrivée du «Pass contraception» dans les lycées d'Ile de France.
Rendre la contraception accessible à tous les jeunes sans avoir à passer par la carte vitale parentale et les relevés de sécu familiaux apparaît une excellente idée ; pas aux yeux de la PEEP cependant dont la vice présidente intervenait mardi dans le journal de 13h de France 2 et s’offusquait que l’on contourne ainsi l'autorité parentale…

Morceaux choisis…

On disqualifie les parents d’un rôle important, celui d’assurer la santé de leurs enfants
La pilule n’est pas un médicament anodin. Moins anodin que de subir une IVG ?

Elle doit se prendre avec un grand nombre de précautions et je ne suis pas certaine que les jeunes adolescentes de 15 ou 16 ans lorsqu’elles vont rencontrer leur gynécologue aient toute la capacité, la connaissance pour répondre à l’interrogatoire familial qui sera nécessairement fait puisqu'on sait que la pilule génère -Allons y pour un petit couplet anxiogène ! Les méfaits annoncés de la contraception, comme un retour aux années 60 - dans certains cas des thromboses graves, des embolies, des AVC, voire des phlébites et para phlébites. La phlébite pire qu’un AVC ? Il faudra nous expliquer cette curieuse gradation !

Question de la journaliste : Qu’est ce qui vous choque, que l’on préserve l’anonymat des élèves vis-à-vis de leurs parents ?
On devrait d’abord inciter les jeunes à avoir un vrai dialogue avec leurs parents. Les parents doivent être associés à la démarche. Lorsqu’une jeune fille prend la pilule elle doit la prendre régulièrement. Ca doit être accompagné - Est ce à la famille de se préoccuper de la prise quotidienne ?

Elle doit quand même avoir un point d’appui et une écoute. Qui peuvent lui être donnés par une autre personne que ses parents. C’est à la jeune fille de choisir vers qui se tourner, sur qui s’appuyer.

La journaliste : Le nombre d’IVG de mineures ne baisse plus depuis des années. Il y en a 13 000 par an, c’est énorme!
Ce sont des chiffres de 2006 qui n’ont pas été remis au goût du jour (sic). Les mineures représentaient 5 % des femmes ayant eu une IVG en 2001 et 6 % en 2005, 2006 et 2007 (voir ici ). I. Nizand évoque 15 000 jeunes filles concernées l’année dernière.

On a dans tous les établissements scolaires des séances d’éducation sexuelle qu'on a beaucoup orientées vers la préservation des maladies sexuellement transmissibles et c’est peut-être une erreur parce que le préservatif ne fait pas tout. Les préservatifs ne sont pas fiables à 100 %. Raccourci dangereux qui pourrait laisser penser que les préservatifs ne protègent pas des MST...

On est en 2011 et la contraception reste une affaire de femme. En même temps, ce sont les femmes qui se retrouvent enceintes ; mieux vaut compter sur leur propre vigilance !

On doit responsabiliser les garçons à connaitre le corps d’une femme (re-sic), qu’est ce qu’un cycle, comment ça se passe. Et revenir au vieil Ogino en leur proposant de compter les jours "dangereux" ?

La contraception n’est pas un médicament anodin.

On l’aura compris, au sein d'un discours prétextant se préoccuper de la santé des "jeunes filles" et appeler les "jeunes hommes à se montrer respectueux" s’inscrivent en filigrane l’inanité d’une sexualité adolescente et la volonté de la contraindre à l’inexistence. Que le nombre d’IVG bondisse n’est qu’un épiphénomène ; la bonne éducation de nos filles est à ce prix !


Autre raison de mon ire : Le martelage médiatique de ce pass-contraception omet curieusement un mot, celui de sage-femme.
Les journalistes ont systématiquement court-circuité notre profession dans leurs papiers. La plupart n’ont exposé que la gratuité d'une consultation chez un gynécologue, certains se sont aventurés à un plus rassembleur "médecin", plus rarement encore le planning familial a été cité mais jamais je n'ai entendu évoquer la possibilité de consulter une sage-femme (option nommément proposée par le pass).

Ainsi, les jeunes rebelles à la consultation gynécologique, parfois intimidées par leur trop connu médecin de famille, éventuellement éloignées d’un centre de planification, ne sauront pas qu'elles peuvent aussi se tourner vers un autre professionnel, la sage-femme.
Je n’imagine aucunement voir des hordes adolescentes se ruer vers nos cabinets… mais le rôle de l’information n’est-il pas d’informer ?

Notre transparence médiatique est décidément aussi flagrante qu’irritante.


Edit du soir : voir ici pour avoir une idée plus précise de ce pass


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16 avril 2011

SF, mode d'emploi !

La longue discussion qui suit a eu lieu par mail avec Alexandra, lectrice de ce blog. L'idée de publier nos échanges nous est venue en imaginant que cela pourrait intéresser d'autres parents. 


Accompagnement de la grossesse
Quels types d'accompagnement existe-t-il vraiment ? On ne nous présente principalement que le suivi gynécologique, ce qui ne parait pas idéal finalement. Donc qu'en est-il ?
Lorsque la grossesse est "normale ", le suivi peut-être assuré par une sage-femme (libérale, PMI ou salariée en maternité), un médecin généraliste, un gynécologue de ville ou un obstétricien. C’est aux femmes de choisir le praticien qui leur conviendra le mieux.

Dans la mesure où une majorité de femme accouchent à l'hôpital (par choix ou faute d'alternatives), quelles sont les options car il faut un minimum un rendez-vous dans l'hôpital pour s'ouvrir un "droit" à accoucher ?
Il ne s’agit pas d’avoir un rendez-vous pour avoir le droit mais d’avoir un dossier dans la structure pour permettre à l’équipe qui t’accueillera le jour J de te connaitre. Les recommandations actuelles sont de faire les trois dernières consultations (7ème, 8ème et 9ème mois) dans la  maternité (avec une sage-femme ou un obstétricien). Dans les faits, ce ne sont souvent que les deux dernières consultations qui sont prévues en maternité.

Est ce obligatoire de se faire suivre à l'hôpital d'ailleurs ? On ne va quand même pas me mettre à la porte si je suis en travail et que j'arrive à la maternité ? Est ce simplement pour des questions administratives ?
Obligatoire non, très souhaitable oui. Pas facile pour la sage-femme d’accueillir quelqu’un dont elle ne sait rien … Premier ou quatrième bébé ? antécédents d’accouchements faciles ou pas ? groupe sanguin ? etc.. Du coup, tu  risquerais de te sentir bombardée de questions plutôt qu’accompagnée…

Peut-on se faire suivre uniquement par une sage femme de l'hôpital pour se garantir ce droit ?
Se faire suivre dès le départ au sein de la structure est un choix qui t'appartient et qui dépend aussi un peu de l'organisation de l'hôpital. La plupart du temps, seules les deux dernières consultations sont "exigées" sur place.

Accompagnement par une la sage Femme
Que peut prendre la sage femme en charge ? Peut elle encadrer complètement la grossesse ou y-a-t'il des rendez-vous obligatoires qui doivent être effectués ailleurs ?
La sage-femme est compétente pour le suivi d’une grossesse "normale". En cas d’anomalie, son rôle est de la dépister puis de passer le relai (partiel ou total selon les situations) au praticien compétent.
La plupart des grossesses se passant sans problème, on peut être tout le temps suivie par une sage-femme ; (pour ma part, j'assure les consutations jusqu’au 7ème mois de grossesse puis je passe le relai à une sage-femme de la maternité ).

Qu'est ce que l'accompagnement global ? J’en ai entendu parler mais je ne sais pas ce que ça veut dire vraiment, et aussi, est ce couteux ?
L’accompagnement global consiste à être suivie par la même sage-femme (éventuellement pas un nombre restreint de sages-femmes, 2 ou 3) dès le début de la grossesse, pendant l’accouchement puis les semaines voire les mois suivant la naissance (suites de couche, allaitement, consultation postnatale).
C’est actuellement possible soit en accouchant à domicile (mais faute d’assurance professionnelle et devant l’hostilité des réseaux de périnatalité, peu de sages-femmes ont cette pratique), soit en trouvant une des trop rares sages-femmes ayant un accès à un plateau technique (pouvant accompagner les parents lors de l’accouchement au sein d’une maternité).
Les maisons de naissance tant espérées devraient permettre – quand ???? - d’élargir cette possibilité à plus de sages-femmes et donc à plus de parents.

J'ai aussi lu quelque part que cela coutait cher ? Pourquoi (si c'est effectivement le cas) ? Ce n'est pas un accompagnement reconnu par la sécu ?
La sécurité sociale prend en charge les frais liés à cet accompagnement mais les tarifs des sages-femmes sont dérisoires.
Une consultation est payée 19 € (et même 17 € avant la déclaration de grossesse)
L’accouchement, quelqu’en soit la durée, est coté exactement 312.70 €
En cas d’accouchement à domicile, les visites de suivi pour la mère et le bébé pendant 6 jours sont incluses dans ce tarif ! En cas d’accouchement en plateau technique, la sage-femme a le droit de facturer en plus les visites de cette première semaine (46.21€ pour les 2 premières visites, 35.61€ ensuite)
Si tu déduis une moyenne de 50 % de charges, les sages-femmes sont les smicardes des professions de santé et travaillent à des tarifs horaires indécents pour les accouchements.
Par ailleurs, l’accompagnement global suppose une disponibilité totale puisqu'elles peuvent être appelées à tout instant pour une naissance.
Certaines travaillent malgré tout pour les tarifs conventionnés, leurs actes sont alors intégralement remboursés par la sécurité sociale.
D’autres demandent des dépassements d’honoraires non pris en charge. C’est un accord à trouver entre sage-femme et parents.

Je crois comprendre qu'à quelques exceptions près, les sages femmes ne peuvent pas nous faire accoucher à l'hôpital car on ne leur ouvre pas le "plateau" technique. Mais peuvent-elles être présentes tout de même ? Pendant le travail par exemple ?
Dans l’absolu, on peut être accompagnée par qui on veut lors de l’accouchement. Aucun texte n’interdit d’être accompagné par «sa» sage-femme.
Mais elle n’aura aucune possibilité d’intervenir dans la prise en charge et c’est une position finalement peu confortable pour tout le monde. Pour les parents qui se retrouvent avec deux "référentes", pour la sage-femme de la maternité qui peine à trouver sa place dans une relation déjà étroitement installée, pour la sage-femme accompagnante qui doit suivre ce qui se passe sans pouvoir intervenir.
Mieux vaut je crois prendre contact avec l’équipe en amont de l’accouchement pour faire entendre ses besoins. Le jour J, si c'est une volonté commune, la relation s’établit très rapidement entre parents et sage-femme.

Comment ça se passe concrètement quand on se fait accompagner par une sage femme lors de l'accouchement ? Est ce que malheureusement, elle ne peut nous suivre que lors de la grossesse mais arrivé l'accouchement, elle ne peut être présente ? Par exemple, peut-elle venir chez nous pendant le travail jusqu'à ce qu'on se rende à l'hôpital ?
Ca fait partie des choses envisageables… c’est fonction de la disponibilité de la sage-femme, des distances… juste une remarque : aucun tarif n’est prévu pour les sages-femmes dans ce cas là. Elle ne peut facturer qu’une consultation à 19 € (ou alors compter des honoraires non remboursés). La bonne volonté des sages-femmes trouve ici ses limites… Se rendre disponible, être amenée à annuler des rendez-vous au dernier moment, pouvoir être appelée à n’importe quel moment… pour 19 € dont ne resteront après déduction des charges que 8,50€ maximum ! (Pardon d’être aussi prosaïque…)

Et comment ça se passe si la sage femme n'est pas là/en vacances ou autre ? Quelqu’un peut- il prendre le relai ?
Les sages-femmes qui proposent un accompagnement global s’organisent autant que possible pour avoir un relai en cas d’impossibilité. (quand par exemple elles sont en train d’accompagner une naissance et sont appelées pour une autre).
Les périodes d’absences sont annoncées tôt et elles évitent d’accepter une grossesse dont le terme tomberait pendant leurs congés.

La sage femme, il me semble, peut assurer un suivi dans les premiers jours qui suivent l'accouchement si on retourne à la maison tôt (sinon, je ne sais pas si elle peut venir à l'hôpital), tu confirmes?
Les sages-femmes libérales peuvent assurer le suivi après la sortie de maternité et viennent à domicile en cas de sortie précoce. Elles pourraient éventuellement venir à l’hôpital mais on se retrouve toujours dans le même cas de figure, il y a d’autres sages-femmes présentes au sein de l’hôpital et quelle serait alors la place de la libérale ?

Faut-il avoir été suivi par une sage femme tout l'accouchement pour que ce soit possible ?
Ce n’est pas impératif. Mais il est vrai que les libérales préfèrent en général proposer un suivi continu et retrouver en postnatal les parents rencontrés avant l’accouchement. La relation s’est déjà installée et les retrouvailles sont d’autant plus simples et chaleureuses…

Accouchement
En fait, quelles sont les "formules" qui existent en France ? La question est vague, mais finalement, je ne sais même pas s'il y a beaucoup d'alternatives à l'accouchement à l'hôpital, et si on choisit autre chose, quelles sont les risques (pas spécialement d'un point de vue médical (bien qu'on nous bourre le crane sur les médecins savent tout blablabla) mais aussi du point de vue de la prise en charge secu etc) ? Les maisons de naissances n'existant pas en France, quel choix avons nous ? à part de trouver une maternité style "amie des bébés" ?
Si je récapitule rapidement,  on peut accoucher en maternité (publique ou privée), en plateau technique, à domicile.
Les deux dernières options permettent un accompagnement global avec un nombre très restreint d’intervenants. Mais ces situations sont réservées aux femmes dont la grossesse puis l’accouchement se présentent parfaitement normalement et qui ne souhaitent pas de péridurale.
Par ailleurs, les sages-femmes accompagnant les accouchements à domiciles sont rares, celles ayant un accès au plateau technique d’une maternité le sont tout autant.
Ces options ne pourront se développer qu’avec un soutien fort des parents démontrant que cette « prise en charge » est vivement souhaitée. Les maisons de naissance auront besoin du même soutien pour parvenir à vaincre tous les obstacles qui leurs sont opposés.
L’accouchement en maternité ne doit pas être envisagé comme un "pis aller". Le principal défaut des structures est souvent de travailler à  "flux tendu", avec des équipes souffrant de ne pas avoir la disponibilité qu’elles souhaiteraient. Il n’empêche que les professionnels exerçant au sein de ces maternités sont tout aussi attentifs et soucieux que les autres. Et que le dialogue qui s’instaure pendant la grossesse et/ou au début de l’accouchement est essentiel pour leur transmettre tes attentes et tes besoins.



 

12 avril 2011

Faillibles

Un peu de tangage sur ce blog les derniers temps ; quelques sujets explosifs : l’épisiotomie (Ne coupez pas), les exigences de certains parents (VIP), la déshumanisation des maternités faute de personnels et de moyens (Teasing).

Je ne renie rien de ce que j’ai écrit,
mais m’étonne cependant de l’âpreté de certains commentaires.

Je suis la naïve de service...
Les soignants sont bienveillants et dévoués ; seules les conditions qui leurs sont faites les amènent à se montrer indifférents.
Les parents respectent nos compétences et nous font confiance pour peu que nous prenions le temps d’expliquer nos décisions.
Les femmes sont déterminées à vivre intensément la mise au monde.
Ben c’est pas vrai !

Les soignants sont pervers et jouissent du pouvoir qu’ils ont sur les soignés.
Les parents sont obtus et refusent d’entendre ce que nous voulons leur transmettre.
Les femmes ne voient dans la mise au monde qu’un ennuyeux et douloureux passage imposé.
Ben c’est pas vrai non plus !

La réalité est forcément plus complexe que ces quelques raccourcis béats ou rageurs.

Ainsi cette ancienne collègue, obsédée par le risque de complication obstétricale, affichant pour les accouchements qu'elle accompagnait un taux d’intervention médicale bien supérieur à la moyenne. Situation bloquée jusqu’à ce qu’elle révèle un pan de son passé. Le décès d’un bébé lui avait été imputé "par défaut de surveillance," alors que seule sage-femme de garde dans une maternité surbookée, une autre situation urgente avait réclamé toute son attention. Elle avait ensuite été jugée et condamnée pour faute grave.

Ou encore ces parents plus qu’exigeants dans les suites de l'accouchement, agressifs, réclamant incessamment notre présence, persuadés que les saignements étaient anormaux,  sourds à toutes nos tentatives d'explication ou de réassurance … jusqu’au moment où elle a pu évoquer sa tante maternelle morte en couche d'une hémorragie.

Et aussi cette femme, absente à sa grossesse, fuyante lors de son accouchement, indifférente à son enfant. Après une fausse couche mal expliquée par un praticien débordé, elle s'était persuadée qu'elle ne pourrait être mère et se préservait de la perte annoncée en refusant de s’attacher à son bébé.

Tout au long de la maternité, l’histoire de chacun des intervenants viendra peser sur son déroulement, son vécu. Nous avons tous à faire avec ce que nous sommes, ce que nous portons, nos failles et nos blessures.
C’est ainsi.

Alors tentons de préserver l’espace de dialogue apaisé que j’ai souhaité créer ici. Expliquer les contraintes des uns, entendre les besoins des autres.
Et réciproquement.

 

 

11 avril 2011

Une femme/une sage-femme

Les sages-femmes réclament les moyens d'exercer le métier qu'elles ont choisi.

Parce que les maternités sont surbookées et les personnels débordés.
Parce que l'hypertechnicité vient remplacer l'humanité d'une présence.
Parce qu'il n'existe pas de lieux dédiés à l'accouchement physiologique.
Parce que l'accompagnement global souhaité par les parents peine à exister.
Parce que tout maintenant doit se gagner de haute lutte.

Parents et professionnels manifesteront ensemble le 12 mai à Paris

Et il fera beau !

Toutes les informations ici

Je compte sur chacun d'entre vous pour faire largement circuler cet appel. Sans les parents, 20000 sages-femmes ne pèsent rien. Avec eux, elles peuvent tout !

27 mars 2011

Omises

Voici une jolie vidéo mise en ligne le 7 février dernier par Asip Santé*, agence officielle supervisée par le Ministère de la Santé.

Pour démontrer l'intérêt du dossier médical personnel (ex dossier médical partagé), un dessin animé de 2 minutes raconte le parcours de Julie, jeune femme enceinte confrontée à de nombreux intervenants tout au long de sa grossesse.

De nombreux intervenants certes, mais il en manque une, apparaissant pourtant incontournable en périnatalité.

Je vous laisse deviner laquelle...

J'imagine les "communicants", planchant sur le scénario, vérifiant fébrilement que tous les praticiens ont bien été cités.

Communicants si bien informés que sur les quatre spécialistes évoqués, un seul est une femme alors que la féminisation de la médecine est une évidence quotidienne.

Et si peu éclairés que cette vidéo, financée par l'état, tacle avec brio l'unique profession compétente pour la totalité de la maternité physiologique...

 

*Agence des Systèmes d’Information Partagés de Santé

2 février 2011

Négligemment

Elle arrive d’une autre région, contrainte de déménager en fin de grossesse car son compagnon vient d’être muté.
Situation inconfortable puisqu’elle ne connait personne ici, ni famille, ni amis. Elle n'aura qu'un rapide contact à la maternité pour ouvrir son dossier.

Pour tenter de faire un lien, la sage-femme qui la suivait auparavant lui a donné mes coordonnées. Elle m’appelle donc à plusieurs reprises, bien avant son déménagement, pour préparer son arrivée, puis une fois installée pour trouver les lieux et les personnes dont elle a besoin. Je tente de la guider dans le dédale de l'inscription à la maternité, des rendez vous à prendre, lui indique quelque pistes associatives pour se sentir moins isolée, quelques adresses à connaitre.

Elle a terminé sa préparation à la naissance avant le déménagement mais souhaite cependant une séance supplémentaire avec moi. Séance qui resterait à sa charge puisqu'elle a déjà atteint son "quota". J'explique que ce rendez-vous isolé me semble vide de sens, insiste sur le fait que son domicile sera au final bien éloigné du cabinet et qu’elle s’adressera très certainement à une autre sage-femme ensuite, affirme que je reste de toute façon disponible pour répondre à ses questions … Elle insiste avec force ; elle veut ce rendez vous.

Rendez-vous annulé une heure à peine avant l’heure dite par un bref message sur le répondeur: Je suis Mme X. Finalement, je ne viendrai pas cet après midi, bonne continuation…
Je lui avais indiqué les appuis qu’elle pouvait trouver près de chez elle en soulignant combien ce rendez-vous me semblait inutile. Elle a insisté et j’ai cédé.
Pour qu’elle prévienne au dernier moment de son absence sans même prendre la peine de s'en excuser.

Les parents se plaignent de l’irrespect de certains soignants.
Balle au centre ce coup là !

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